Evan Kane Modérateur / Artiste / Baby-sitter à temps partiel
Messages : 1006 Date d'inscription : 28/06/2008 Age : 38
Feuille de personnage Situation: Dans la merde! Renseigements: Humeur: Anxieux mais heureux!
| Sujet: [Flashback] Evan Kane : Part 2 Lun 24 Mai - 23:48 | |
| Deuxième partie : Acclimatation et Epreuves
Si Evan s'était douté en claquant la porte de chez lui qu'il n'allait pas mener une vie facile, il n'aurait pas pu imaginer les difficultés qu'il rencontrerait en rejoignant la capitale. Il était loin d'imaginer à quel point il était dur de trouver un travail, même des plus anodins et malgré ses nombreux efforts durant la semaine écoulée, il n'avait toujours pas de réussi à se faire engager ou que ce soit. Il avait pourtant toqué à de nombreuses portes, que ce soit dans des pubs miteux, des restaurants à la propreté douteuse ou encore dans des endroits plus sordides comme des bars à stripe-tease. Partout il avait essuyé un non catégorique et avait entendu la même excuse : il était trop jeune. Rien que d'y repenser, il enrageait littéralement! Comme si le fait d'avoir 16 ans pouvait l'empêcher de faire quelque chose de ses dix doigts! Cependant, dans son malheur, il avait eu la chance de rencontrer une personne qui l'aidait quelque peu, bien qu'il n'ait aucun emploi à lui offrir. Il avait frappé à la porte de l'épicerie d'Ed dans sa quête de travail. L'homme était d'un naturel sympathique et avait tout de suite éprouvé de la compassion pour l'adolescent fatigué et amaigri par la faim. Il lui avait donné un peu de nourriture et lui avait demandé de repasser au cas où il aurait besoin de quoique ce soit. Evan avait été frappé par tant de gentillesse et l'avait remercié en affirmant qu'il n'hésiterait pas à revenir. Ce n'était pourtant pas l'exacte vérité, car à moins d'y être contraint, il ne voulait accepter de l'aide de personne. D'ailleurs, depuis qu'il était arrivé à Hegemony, il n'avait toujours pas été rendre visite à son frère. Il savait que celui-ci voudrait tout faire pour l'aider et il lui en était reconnaissant, cependant, il préférait le voir dès qu'il aurait une vie un peu plus stable. Il lui avait tout de même lancé un rapide coup de fil pour le rassurer avec la petite monnaie qu'il gardait pour manger. Il avait fait l'impasse sur un repas ce jour-là, mais ça en avait valu la peine. Le fait d'entendre une voix familière au bout du fil lui avait fait un bien fou. Il tenait à se débrouiller seul, certes, question de fierté, mais sentir qu'il n'avait pas été complètement abandonné lui avait redonné du courage.
Il arrivait gentiment au bout de ses ressources et bientôt il n'aurait plus assez d'argent pour se payer une nouvelle semaine dans sa chambre, certes miteuse, mais dans laquelle il se sentait déjà parfaitement à sa place. Il s'était très rapidement approprié l'endroit et un grand nombre de dessins ornaient déjà les murs moisis. A défaut d'avoir trouvé du travail, il avait été productif dans son art. Cependant il avait bien fait attention à ne pas afficher quoique ce soit d'explicitement subversif. Ce n'était pas le moment d'aller faire un tour au Commissariat Central alors qu'il n'avait même pas encore rejoint les rangs de la Cible! Il se devait d'être prudent et de prendre son mal en patience. Un jour, qu'il espérait voir arriver bientôt, il pourrait s'exprimer de manière plus libre afin de faire bouger les consciences et de réveiller ce peuple endormi et asservi. En attendant, il se devait de parer au plus pressé et trouver rapidement un emploi qui lui permettrait de survivre. Il avait obtenu de sa logeuse deux jours de sursis, mais passé ce délai, il devrait soit la payer, soit dégager le plancher. Il espérait sincèrement ne pas être confronté à la deuxième proposition, mais si tel était le cas, il savait déjà qu'il n'irait pas chez son frère, du moins pas directement. Il était buté et lorsqu'il avait une idée en tête, il n'en démordait pas. Il n'était cependant pas totalement fou et s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort, il se rendrait immédiatement chez son aîné. Mais avant cela, il tenterait tout pour s'en sortir seul, même s'il devait souffrir pour y arriver. Il s'estimait déjà heureux d'avoir un toit au-dessus de sa tête, quelque chose dans son estomac, même si ce n'était généralement qu'un fruit ou du pain et surtout, de quoi dessiner. Il lui semblait que tant qu'il aurait une feuille et un crayon à disposition, il garderait espoir malgré un ventre vide. C'était ce qui l'avait aidé à tenir durant sa première semaine dans les quartiers défavorisés de la ville. Il n'avait pas encore craqué mais il sentait que s'il ne trouvait pas rapidement un travail, les choses allaient devenir pour le moins compliquées pour lui.
C'est sur ses pensées qu'il passa devant la réceptionniste et patronne de l'hôtel qui le dévisageait d'un air mauvais, attendant très certainement de voir s'il allait oui ou non lui payer son dû. Evan n'y prêta pas attention, se contenant de la saluer d'un signe de tête avant de passer le pas de la porte et de se retrouver en pleine rue. Une agitation constante y régnait, autant de jour comme de nuit, ne laissant jamais de repos aux habitants du quartier. Il avait beau être 6h30 du matin, la rue était déjà arpentée par de nombreuses personnes, des ouvriers pour la plupart, se rendant sur leur lieu de travail. L'adolescent quand à lui avait décidé de s'aventurer dans un quartier un peu plus éloigné qu'il avait déjà commencé à explorer dans sa quête de travail. Il avait noté sur un morceau de papier une liste de lieux dans lesquels il pourrait postuler. La plupart était déjà ouvert malgré l'heure matinale et il commença à en faire le tour rapidement et avec un entrain étonnant. Lorsque midi sonna, il s'autorisa une pause des plus méritées et alla profiter du soleil dans un parc laissé à l'abandon où la nature avait repris ses droits. L'herbe y était haute et recouvrait par endroit les balançoires et autre jeux rongés par la rouille et que plus aucun enfant n'utilisait. Les bancs étaient pour la plupart défoncés et tagués et il fallait avoir un certain équilibre pour ne pas tomber lorsque l'on s'asseyait dessus. Evan lui, léger comme une plume, n'eut aucun soucis à s'installer pour manger son bout de pain qu'il agrémenta d'un ridicule mais savoureux morceau de fromage, le tout arrosé d'eau. Ed lui avait donné un peu de tabac à rouler et il n'avait pas hésité une seule seconde à accepter. Tranquillement, il fuma sa cigarette en savourant chaque bouffée, sachant que ses maigres réserves s'épuisaient bien vite, observant tout autour de lui les passants ou autre drogués qui s'attardaient dans le coin.
Après s'être accordé une petite heure de répit, il se releva d'un mouvement agile et sortit la liste où plus de la moitié des noms étaient déjà barrés. Un soupir passa ses lèvres mais il ne se laissa pas aller à plus de découragement et pointa de son crayon le prochain établissement où il devait s'arrêter. Il s'agissait d'un petit restaurant dont les murs et l'air étaient imprégnés de la graisse de la nourriture servie. Rien de bien réjouissant de prime abord, mais ceci n'arrêta pas l'adolescent lorsqu'il jeta un rapide coup d'œil à la devanture de l'établissement. Il posa sa main sur la poignée recouverte d'huile et poussa la porte d'un air sérieux et déterminé, se dirigeant immédiatement vers le comptoir du bar où il demanda à parler au patron. Celui-ci arriva quelques minutes plus tard de sa démarche lourde et lente. C'était un homme imposant aux cheveux longs et aux joues parsemées d'une barbe de trois jours. Ses paupières tombantes lui donnait une expression quelque peu endormie et sombre, contrecarrée par la lueur mordante et scrutatrice de son regard. Il n'avait pas l'air d'être mauvais, mais Evan ne se sentait pas des plus à l'aise en sa présence, ce qui n'alla pas en s'arrangeant lorsque l'homme lui demanda la raison de cet entretien d'une voix grave et autoritaire. Cependant, il ne se démonta pas et lui fit part de sa demande pour un emploi, ce qui provoqua un rire gras chez son interlocuteur. Il avait beau être habitué à ce genre de réaction, l'adolescent ne s'y faisait toujours pas et cela l'agaçait même de plus en plus. Il attendrait pourtant le « non » clair et net avant de tourner les talons et de sortir.
- Et bien écoute, t'as pas l'air bien épais et je sais pas trop si tu es capable de faire quoique ce soit, mais si tu veux, tu peux venir faire la plonge. Je te préviens, le salaire ne va pas te permettre de t'acheter un appartement près du Palais! Mais si tu es motivé et que t'as pas peur du travail...
Evan n'en croyait pas ses oreilles et fixait l'homme bouche-bée. Il avait un emploi? Il avait été engagé?! Il ne voulait pas savoir le pourquoi, tout ce qui l'intéressait c'était qu'il allait pouvoir rester à l'hôtel, son chez lui, et se procurer de quoi manger convenablement! C'était l'un des plus beaux jours de sa vie, malgré le travail harassant qui l'attendrait, malgré le manque de sommeil, malgré le lieu des plus sordides! Il avait tant espéré qu'il n'arrivait pas à y croire et il dû faire un effort sur lui-même pour se ressaisir et ne pas dévisager son nouveau et premier patron comme s'il s'était échappé d'un asile. Après avoir déglutit plusieurs fois, il répondit d'une voix qui avait de la peine à voiler toute son émotion et sa joie.
- Non, le travail ne me fait pas peur, vous pouvez compter sur moi! Vous verrez, vous ne le regretterez pas!
Un sourire de plus en plus large lui barra le visage et ne le quitta plus de la journée. Après avoir reçu ses horaires de travail, il retourna dans sa chambre afin de se reposer un peu, savourant le reste de cette journée si particulière. Il avait fait un tour par la réception en arrivant afin de certifier à la vieille tenancière qu'il lui payerait ce qu'il lui devait dès qu'il recevrait son premier salaire. La mine de la femme se renfrogna quelque peu, mais n'ayant pas besoin de la chambre, elle l'autorisa à la payer à la fin du mois seulement. Il l'avait remerciée et s'était précipité dans les escaliers qu'il avait monté quatre à quatre dans un élan de bonne humeur. Il était à présent allongé sur son lit et pensait à son entrée dans la vie active et à la liberté qui l'attendait malgré les nombreuses contraintes qui en découleraient. Il n'aurait plus de temps pour lui et serait très certainement tout le temps fatigué, cependant, cette perspective ne l'affolait pas. Il avait fait un choix en suivant ses idéaux et il était prêt à tout pour arriver à mener la vie qu'il voulait. Si cela passait par un travail éreintant, soit, il fallait bien commencer quelque part. Et en attendant le lendemain, il comptait bien fêter cette bonne nouvelle qui était venue égayer sa journée! Il s'autorisa donc un petit extra de nourriture, ayant eu l'agréable surprise d'apprendre qu'il pourrait manger une fois par jour gratuitement au restaurant, ainsi que de cigarettes. Il passa ensuite la fin de sa journée à dessiner avec ardeur et passion, laissant toute sa joie sortir et inonder la feuille de papier qui se trouvait sous la mine de son crayon. Il ne pensa même pas à prévenir son frère tant il était obnubilé par sa création! Lorsque l'idée lui traversa enfin l'esprit, il était bien trop tard pour sortir et il devait veiller à se coucher tôt afin d'être en forme pour son premier jour le lendemain. Il se promit donc d'appeler Adam dès qu'il le pourrait et s'endormit rapidement, son sourire toujours accroché aux lèvres.
La journée du lendemain se révéla bien plus dure que ce que le jeune homme avait pu penser et cela n'alla pas en s'améliorant les jours suivants. Il travaillait d'arrache-pied du matin au soir, n'ayant droit qu'à trente minutes de pause déjeuner par jour, enchaînant les services qui ne semblaient pas avoir de fin réelle. C'était plutôt un long fleuve continu d'assiettes, verres et autres couverts qui défilait sous ses yeux et entre ses mains. Celles-ci commençaient d'ailleurs déjà à porter les marques de la plonge. Elles étaient devenues sèches et abîmées et de longues crevasses se dessinaient sur leur dos, saignant au moindre mouvement dès qu'elles n'étaient plus correctement hydratées. Travaillant debout de 7h à 23h, son dos, courbé à longueur de journée et ses jambes commençait eux aussi à ressentir les effets de son travail éreintant. A chaque fois qu'il rentrait à l'hôtel, il avait à peine la force de se traîner sous la douche afin de se débarrasser de l'odeur de friture qui semblait avoir pénétré dans chacun de ses pores. Il s'effondrait ensuite de fatigue sur son lit où il s'endormait instantanément. Les cinq heures de sommeil ne le reposait qu'à moitié et lorsqu'arriva son jour de congé, il avait déjà perdu quelques kilos. Son visage déjà naturellement fin était à présent émacié et de grandes cernes s'étaient installées sous ses yeux. Après la deuxième semaine de travail, il commença à flotter dans ses vêtements devenus bien trop large pour lui. Malgré son état d'épuisement et ses mauvaises conditions de vie, Evan tentait du mieux qu'il pouvait de garder son sourire et de ne pas se laisser décourager. Il y parvenait la plupart du temps, mais il arrivait qu'il se laisse décourager par moment, sans pour autant complètement baisser les bras. Il avait rendu visite à son frère durant son premier jour de congé, refusant avec vigueur l'aide qu'il avait pu lui proposer. Il avait été fier de se tenir devant lui, fatigué certes, mais libre de vivre comme il le souhaitait. Il avait dépendu de ses parents jusque-là et rien de bon n'en était ressorti, il ne voulait pas que la même chose se reproduise avec Adam. Ce dernier avait paru affolé et inquiet lorsqu'il l'avait vu et il avait beau essayé de le convaincre d'accepter son aide, rien n'y avait fait.
L'adolescent poursuivait sa route comme il le pouvait, luttant chaque jour contre la fatigue qui ne le lâchait pas, la faim qui le tiraillait encore de temps à autre et surtout contre la ville qui semblait vouloir le happer à chaque instant. Il découvrait peu à peu que les gens ne semblaient pas vouloir faire quoique ce soit pour renverser le régime et qu'ils acceptaient leur condition d'esclave sans sourciller. Ils préféraient rester en retrait, attendant que les membres de la Cible fasse le sale travail pour eux, incapables de prendre leur courage à deux mains et de rejoindre leurs rangs afin de provoquer une véritable révolution! C'était ça qui les amèneraient à la liberté et à une démocratie nettoyée de la famille Livingstone. C'était tout du moins ce que pensait Evan et rien n'aurait pu le faire changer d'avis. Même son frère s'y était cassé les dents et le cadet des Kane préférait à présent ne plus parler de politique avec Adam sous peine de se brouiller définitivement avec lui comme il l'avait fait avec ses parents. De plus, penser à la résistance le mettait mal à l'aise. Il n'avait toujours pas trouvé un quelconque moyen d'entrer en contact avec la Cible et il ne voyait pas comment il pourrait s'y prendre. Il était déjà dangereux de critiquer le gouvernement, alors parler des rebelles et clairement montrer que l'on partageait leur point de vue, c'était du suicide. Et l'adolescent avait beau vouloir changer les choses, il ne servirait à rien une fois dans les cachots de la Cinglée! Il allait lui falloir du temps pour sonder les personnes qui l'entouraient et pour en tirer des informations, que ce soit la vieille femme de l'hôtel, son patron bourru ou encore Ed chez qui il se rendait maintenant tous les jours pour discuter un peu et acheter du tabac. Il n'avait vu aucun signe encourageant jusque-là mais espérait bientôt rencontrer les bonnes personnes qui lui permettraient de pouvoir enfin s'engager activement dans la lutte contre l'Empire. | |
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