Evan Kane Modérateur / Artiste / Baby-sitter à temps partiel
Messages : 1006 Date d'inscription : 28/06/2008 Age : 38
Feuille de personnage Situation: Dans la merde! Renseigements: Humeur: Anxieux mais heureux!
| Sujet: [Flashback] Evan Kane : Part 1 Ven 15 Jan - 9:58 | |
| [justify]Première partie : Liberté et découverte
Le bruit de la porte qui venait de claquer avec violence derrière l'adolescent de 16 ans petit et maigre, raisonnait encore à ses oreilles. Il se tenait là, debout, interdit, l'air perdu et désemparé, un gros sac à dos plus grand que lui sur ses épaules. Des larmes coulaient avec lenteur sur ses joues creuses et il mit quelques secondes avant de les essuyer d'un revers de la main et de se mettre en marche. Il arpentait avec une tristesse et un soulagement entremêlés l'une des rues quasi désertes de cette banlieue de la classe moyenne dans laquelle il habitait. Ou plutôt, dans laquelle il n'habiterait plus. Plus jamais. C'était un fait, lorsque ce claquement avait retentit dans l'air, sa vie avait pris un nouveau tournant, un chemin obscur et inconnu qui le réjouissait et le terrifiait à la fois. Comment en était-il arrivé là? A errer ainsi alors que la nuit tombait, ne sachant pas où aller ou quoi faire ni même vers qui se tourner pour recevoir un peu d'aide. Il le savait parfaitement mais il ne pouvait toujours pas y croire. Ils avaient préféré cette Cinglée à leur propre fils, ils n'avaient pas voulu l'écouter, le prendre au sérieux. Ils n'avaient jamais pu d'ailleurs, pour eux, il était simplement l'original de la famille qu'il fallait réfréner à tout prix. A partir du moment où il avait montré des signes de non-conformité, c'est-à-dire dès l'âge de 5 ans, ils n'avaient cessés de le réprimer dans sa conception du monde et son art. Ils auraient pu penser qu'il ne traversait qu'une simple crise d'adolescence si aucun signe avant-coureur ne s'était manifesté dans sa jeunesse. Cependant, tout le monde savait, aussi bien eux que lui, qu'il ne s'agissait pas de cela. C'était quelque chose de plus profond qui l'animait. Une révolte grondait littéralement en lui, le poussant à faire et dire des choses qui allaient à l'encontre de l'éducation si stricte et réglementée qu'il avait reçu et à laquelle il avait toujours tenté d'échapper. Ce désir de liberté fondamentale l'avait finalement conduit à être jeté dehors, comme un malpropre, sans aucun repère.
Son plan pour le moment était donc limité à rejoindre le centre ville d'Hegemony. Il n'avait que très peu d'argent sur lui et il décida de ne pas en gaspiller pour les transports en commun. Il avait des jambes non? Alors il marcherait! Autant économiser ce qui pouvait l'être, même s'il allait facilement mettre 1h30 avant d'atteindre son but. Heureusement pour lui, on était en plein été et la soirée était douce, le trajet ne serait pas trop pénible. Il cala son sac un peu mieux sur ses épaules et commença à marcher d'un bon pas. Sa vie était contenue dans ce bagage et il n'avait eu le temps d'y jeter que ce qu'il considérait comme essentiel. Des tubes de peintures, des pinceaux, des bloc-notes et des crayons, quelques habits, de la nourriture en conserve. C'était tout ce dont il avait besoin. S'il ne pouvait pas dessiner, il lui semblait qu'il mourrait bien plus vite que s'il ne pouvait pas manger! Etrange pensée, mais c'était bel et bien ce qu'il ressentait. Pour lui, son art était sa bouteille d'oxygène, sa porte de secours lorsque plus rien n'allait, son seul réel moyen d'expression. Lorsqu'il donnait un coup de crayon, ce n'était jamais par hasard et c'était comme un coup porté à cet Empire qu'il haïssait tant, à cette folle furieuse qui tyrannisait la population, à cette dernière qui faisait l'autruche par manque de courage. Comme ses parents l'avaient fait... C'était à chaque fois une avancée dans sa bataille personnelle contre le régime et cet aveuglement général. Jamais il n'avait trouvé de personnes qui pensaient comme lui dans cette banlieue aseptisée. Il espérait vraiment, en fait il le savait d'une certaine manière, qu'il trouverait dans la capitale le soutien et la compréhension qu'il n'avait jamais eu jusque-là.
C'est donc gonflé d'un soudain espoir qu'Evan Kane posa enfin le pied dans le centre-ville de la capitale sous le ciel étoilé de la nuit. Tout ce qui l'entourait accrochait son regard, que ce soit les lumières vives des immeubles à l'architecture compliquée, les limousines paradant dans les rues, les femmes presque parfaites qui en descendaient, que les coins sombres d'où s'échappaient des grognements et des murmures inquiétants, les hommes ivres et sales qui devaient s'aider d'un mur pour tenir debout ou encore les bruits de bagarre et de verre brisé. Ainsi c'était donc ça la nuit à Hegemony? Deux mondes, celui du luxe et celui de la misère qui se croisaient pour n'en faire plus qu'un, pour donner naissance à un monde étrange, inquiétant et paradoxal. Tout ce que le jeune artiste avait toujours dénoncé se trouvait là, sous ses yeux. Il se sentit soudain impuissant face à la grandeur de la bêtise des autres. Comment avaient-ils pu accepter un régime pareil sans réagir?! Ca le dépassait complètement et il se demanda comment il pourrait un jour changer les choses. Il allait avoir besoin d'aide, en fait, peut-être que quelque part recherchait-on de l'aide? Il suffisait de trouver à qui il pourrait être utile, mais cette tâche lui apparaissait déjà comme bien grande! Dans cette si grande ville... Pourtant, s'il voulait s'en sortir, il devait se bouger un peu et c'est ce qu'il fit en cherchant un motel où passer la nuit. Ce qu'il y a de bien dans les grandes villes, c'est que l'on trouve de tout, y compris des piaules qui devraient plus être démolies pour raison sanitaires que louées! Cependant, cela arrangeait bien l'adolescent et il prit une chambre miteuse mais peu chère dans un immeuble au bord de l'effondrement aux abords des bas quartiers. De sa chambre, il avait vue sur une petite ruelle peu éclairée qui ne lui aspirait pas du tout confiance et une plus grande artère qui menait vers les beaux quartiers.
La vieille femme qui tenait la réception avait été plutôt curieuse et lui avait posé pas mal de questions sur ce que venait faire un garçon de son âge dans un endroit pareil et à une heure pareille. Evan avait alors dû faire quelque chose qui semblait inné chez lui et qui allait devenir une habitude : mentir! Il en allait de sa survie, il ne pouvait pas se permettre que les gens sachent sa véritable histoire. Il lui avait donc raconté d'un ton teinté d'émotion que ses parents étaient morts et qu'il était venu sur la capitale pour essayer de s'en sortir du mieux qu'il le pouvait. Dans un sens, ce n'était pas réellement un mensonge car pour lui, Katherin et Edward Kane étaient bel et bien morts et il venait effectivement en ville pour faire sa vie du mieux qu'il le pourrait en se fiant toujours à ses convictions. Cependant, elle n'avait pas besoin de savoir ce que ces dernières étaient! Pour sûr il aurait eu de graves problèmes en moins de deux! Il se contenta donc de jouer la comédie du mieux qu'il pu et il du être assez convaincant puisqu'elle lui donna la clef de sa chambre sans plus de cérémonie, lui indiquant l'étage où elle se trouvait.
Lorsqu'il entra, une sensation de bien-être l'envahit malgré l'apparence lugubre de la pièce et sa petitesse. Les murs étaient peints d'un rouge ocre usé et noirci par le temps, une petite commode se trouvait à la gauche de la porte d'entrée qui faisait elle face à la fenêtre. Sous cette dernière se trouvait un lit à l'équilibre précaire et au matelas défoncé, illuminé par les lampadaires de la rue. Sur le mur de droite se trouvait une porte qui menait à une minuscule salle d'eau à la propreté pas si douteuse que ça malgré l'endroit. En fait, ce qui sauvait cette pièce au parquet grinçant et sombre, c'était bien qu'elle était nettoyée. Les draps et les couvertures sentaient bons et non pas le renfermé comme il s'y était attendu et aucune tâche suspecte n'avait été découverte. Instinctivement, l'adolescent se sentit à l'aise dans ce nouvel endroit et commença à en prendre possession en déballant et rangeant ses affaires dans le mobilier sommaire qui était complété par une chaise en bois posée dans un coin de la pièce ainsi que par une descente de lit râpeuse et une table de chevet sur laquelle trônait une lampe. Lorsqu'il eut enfin fini, il s'installa d'un bond sur le lit, un crayon et un bloc-note à la main et commença à dessiner sans réfléchir. Une sensation d'exaltation et d'excitation avait pris le pas sur sa peur et il sentit à nouveau que tout était possible maintenant qu'il était libre de l'autorité parentale. Libre de combattre le régime de l'Empire, de mener sa vie comme il l'entendait, d'ouvrir les yeux à la population.
Il laissa sortir ses émotions qu'il coucha sur le papier durant plus d'une heure avant d'enfin poser son crayon. Il passa ses doigts tâchés dans ses cheveux noirs et les ébouriffa quelque peu en bâillant. La journée avait été longue et il avait besoin de sommeil, surtout que le lendemain allait être également chargé! Il posa donc son bardas dans le tiroir de la table de nuit avant d'éteindre la lumière et de se coucher. Allongé sur son lit, dans son nouveau « chez lui », Evan pensa soudain à son frère aîné, Adam. Celui-ci n'était pas là lors de la dispute qui avait conduit le cadet des Kane à être fichu à la porte, mais il se serait très certainement interposé. Ce qui n'aurait pas été une bonne chose en fin de compte. Maintenant au moins le jeune artiste savait à quoi il devait s'en tenir avec ses parents! Il ne pouvait plus se faire d'illusions, bien qu'il ait toujours été très lucide face à eux et à leur manière de penser. En revanche, son grand frère avait partagé son point de vue, d'une certaine manière tout du moins. Il était cependant beaucoup moins radical et préférait ne pas faire trop de vague. Bien qu'il aimait et respectait son frère, cette attitude avant le don de dégoûter l'adolescent. Il ne comprenait pas que l'on puisse rester les bras croisés sans rien faire alors que l'on voyait l'horreur de ce qui se passait autour de nous. Pour lui, c'était complètement inconcevable. Mais malgré cela, Evan ne pouvait oublier que le musicien l'avait toujours soutenu et rien que pour cela, il était reconnaissant. Il allait devoir le trouver pour lui expliquer la situation, au cas où leurs parents ne se soient pas encore vantés auprès de lui... Ca ne le réjouissait pas plus que cela, car il savait qu'Adam allait lui proposer son aide et que ce serait dur pour lui de refuser. Cependant, il se devait de le faire. Il voulait s'en sortir tout seul, c'était une question d'orgueil, de fierté, de liberté. Il ne voulait plus jamais dépendre de qui que ce soit, même d'une personne qui lui était chère.
Et ce fut sur ces pensées qu'il s'endormit comme une masse pour se réveiller à peine quelques heures plus tard. Etrangement, il se sentait en pleine forme et de bonne humeur malgré son estomac vide et le boulot qui l'attendait. Il devait se trouver un travail avant la fin de la semaine si possible, car ses maigres finances ne lui permettraient pas de payer sa modeste chambre au-delà. Il avait du pain sur la planche, car sans diplôme utile ou une quelconque formation, il ne voyait pas trop dans quel domaine on voudrait bien de lui. Qu'à cela ne tienne! Il était débrouillard et il trouverait bien un endroit où il pourrait gagner de quoi vivre en attendant. En attendant oui, mais quoi? Sûrement de pouvoir être assez fort et organisé pour pouvoir faire avancer les choses et réveiller les consciences. C'était son unique but depuis un moment déjà et encore plus maintenant qu'il avait été confronté à l'incompréhension de ses proches et qu'il avait entre-aperçu ce qu'était la vie à Hegemony. Les différences sociales y étaient flagrantes et désolantes et renforçait son sentiment d'injustice et de révolte. Comment les gens pouvaient-ils accepter cela?! Toujours cette même question qui venait le tarauder, l'obséder jusqu'à le rendre fou! Il doutait de trouver un jour une réponse satisfaisante. La bêtise n'expliquait pas tout, pas plus que la peur. A la limite l'opportunisme était la meilleure des excuses qu'il pouvait trouver pour eux. C'était la plus logique et la moins décevante d'une certaine manière. Cependant, il ne pouvait totalement pardonner à ces moutons et c'est avec une certaine déception qui vint se mêler à son enthousiasme qu'il sortit au-dehors pour accomplir sa quê te de tra vail.[/justify] | |
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