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 Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]

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Aidan Leckie
Pasteur / Cambrioleur
Aidan Leckie


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MessageSujet: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyJeu 6 Jan - 22:06

**** Premier Post ****


Aidan s'était réveillé ce matin-là d'excellente humeur, prêt à affronter une nouvelle journée avec le sourire et cela malgré le temps maussade qui s'abattait sur la capitale de l'Empire. Cela faisait plusieurs jours déjà qu'il pleuvait, comme si les larmes infectes du peuple pleurant l'état de leur Impératrice leur revenaient en pleine face. Il condamnait les actions terroristes en règle générale, bien que le fait que la Cible réussisse un tel coup d'éclat ait plutôt été une satisfaction. Il savait de source sûre qu'il n'y avait eu que deux morts, un miracle avec toutes les charges qu'ils avaient fait sauter! Il avait prié pour ces derniers, malgré le fait qu'ils aient été au service de la tyrannie de manière, semblait-il, consciente. Il n'avait cependant pas versé une seule larme et s'était très vite remis de tout ça, n'étant pas particulièrement touché par les évènements, il fallait l'avouer. Il n'avait pas participé à la Parade, cela ne l'intéressait absolument pas, il avait préféré ce jour-là déambuler dans les rues et commettre quelques larcins dont il avait ensuite fait profiter les plus démunis qu'il rencontrait. Toute l'effervescence de la ville le dégoûtait au plus haut point et lorsque les bombes avaient explosé, il ne put s'empêcher de se dire que le gouvernement n'avait eu que ce qu'il méritait. Un pasteur aux conventions et aux idées bien particulières, certes, mais qui restait fondamentalement un homme bon et dénué de toute forme d'égoïsme.

Il se préparait d'ailleurs à aller faire sa tournée de visites quotidiennes. Il avait pour habitude de déambuler dans certains quartiers environnants et d'aider comme il le pouvait des gens qu'il commençait à connaître depuis le temps qu'il s'était installé et qui comptaient sur lui chaque jour pour avoir un petit quelque chose. A manger, à boire, des jouets pour les enfants, ou ne serait-ce qu'un peu de distraction pour les plus âgés oubliés de tous. Habillé de son éternel jogging noir à rayures, ses cheveux lâchés, ses lunettes sur le nez, il fit un rapide détour par l'église plongée dans la pénombre. Des cierges avaient été allumés par des fidèles passés aux premières lueurs du jour et rayonnaient encore faiblement devant une statue du Christ. L'homme poussa le bouton de l'interrupteur ce qui provoqua immédiatement une douce lumière tamisée, idéale lors de moment de recueillement et de prière. Le bâtiment était vieux et petit, quoique le plafond soit passablement haut. Les bancs, noircis par l'âge et l'usure, était soigneusement vernis chaque six mois, de même que la table de l'autel, recouverte par une nappe blanche aux bords crochetés. A l'entrée de l'église, surplombant le reste de l'assistance, se trouvait l'orgue vieux et usé, comme tout le reste du mobilier, mais toujours en état de marche et bien accordé. C'était là que le chœur faisait office, élevant ses voix avec force malgré le nombre restreint de membres.

L'homme posa un regard bienveillant tout autour de lui, satisfait de constater le résultat de tant d'efforts et d'heures de travail. Il l'avait rénovée de ses propres mains cette église, il avait réparé et remis en état par lui-même tout ce qu'il avait pu, aidé dans sa tâche de nouveaux fidèles bien content de retrouver un pasteur dans leur quartier. Oh ils n'étaient pas beaucoup, certes, la religion était devenue une chose quelque peu désuète, mais il y avait toujours des personnes qui avaient besoin de calme pour réfléchir ou se recentrer.[ Et c'était sans doute le cas de l'homme qui était assis sur l'un des bancs. Habillé de noir, Aidan ne l'avait pas tout de suite repéré dans la semi-obscurité, mais lorsqu'il l'eut remarqué, il s'approcha de lui lentement, un large sourire sur les lèvres.


- Je peux vous aider?

Il n'avait jamais vu cet homme auparavant et il était certain qu'il ne faisait pas partie des habitués de la petite église de quartier. Il accueillait cependant tout le monde avec le même plaisir et le même respect, prêt à donner un peu de son temps si son vis-à-vis en avait besoin. Et il était clair qu'il n'était pas là par hasard. Son visage était marqué d'une certaine inquiétude, ses traits étaient tirés et il se demandait depuis combien de temps il n'avait pas eu une bonne nuit de sommeil. Il était tracassé par quelque chose, même plus que ça, il paraissait rongé de l'intérieur. Le pasteur connaissait son travail et ne poussait jamais quelqu'un à faire une confidence s'il n'en avait pas envie, aussi se contenta-t-il de rester debout à côté du banc, posant sur l'homme un regard doux et dénué de tout jugement. Peu lui importait qu'il soit croyant ou non, pratiquant ou non, chrétien ou non. La seule chose qui était important pour lui, c'était de pouvoir aider l'être qu'il avait en face de lui et qui lui paraissait misérablement et désespérément en avoir besoin.


Dernière édition par Aidan Leckie le Dim 2 Oct - 18:24, édité 1 fois
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Adam Kane
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyDim 9 Jan - 2:07

[hrp : bon je parts du principe que les Kane sont protestants (pas forcément pratiquant) ça me facilite la vie Very Happy Ah et aussi que Adam sait que c’est le prêtre, à moins que tu veuilles une discussion genre : -je voudrais voir le prête –c’est moi -ok let’s go je veux me confesser, donc genre, il pourrait avoir un petit signe distinctif (genre une petite croix épinglée) si ça tombe pas sous le sens (vu qu’il est en jogging)... bref, j’éditerais si ça te convient pas.]

Assis sur le band dur et froid de la petite église protestante de quartier, Adam Kane, le visage dans les mains et les yeux clos, se tenait dans la pénombre ambiante de la nef. Sur les murs des bas côté se mouvaient les ombres étranges des flammes de quelques cierges allumé. L’endroit, silencieux et paisible, contrastait avec l’esprit tourmenté de l’homme en train de méditer sur le banc où il s’était installé. Pas qu’Adam est jamais été un « vrai » croyant, de famille protestante, il avait suivit le mouvement plus ou moins inconsciemment sans vraiment se poser la question de savoir s’il y avait vraiment quelqu’un là haut pour les surveiller, parce que si c’était le cas, c’est qu’il ne devait s’agir que d’un pauvre con pour imposer à tant d’âme une tyran. Mes ces pensées étaient pour l’instant loin de l’esprit du musicien. En plusieurs semaines, cette sortie à l’église protestante du coin se révélait la première. Depuis l’évènement du Dernier Pétale, Adam était resté chez lui afin de reprendre des forces mais aussi cacher ses nombreuses blessures. Mais au-delà de la douleur physique, qui pouvait être calmé à force de pilules, le mal qui le rongeait plus profondément depuis cette soirée entachée du sang de trop de personnes, semblait incurable.

Les nuits paraissaient interminables dans l’obscurité, les yeux grands ouverts pour ne pas sombrer dans les cruels cauchemars qui ne faisaient que lui rappeler l’horreur de cette nuit et de son acte. Lorsque de fatigue il réussissait tout de même à s’abandonner dans l’inconscient des rêves, il revoyait encore et encore, dans une pénombre glacée, sa main sur l’arme métallique et son doigt crispé sur la détente. Un rire s’élevait alors des ténèbres, strident et malsain. Le visage de son frère, déformé par les coups et un rictus mauvais, riait aux éclats face au corps à l’uniforme ensanglanté. Ce rire lui perçait les oreilles et Adam ne pouvait s’empêché de hurler, d’effroi et de douleur, mais comme toujours, le son ne passait jamais la barrière de ses lèvres et alors qu’il s’étouffait dans son propre cri, il s’éveillait soudain en sursaut, le corps moite et tremblant, aux côtés de sa compagne, inquiète. Encore quelque pas dans le salon, où il tournait comme chaque nuit comme un lion en cage, avant que Jenn ne vienne affectueusement le prendre par le bras et lui faire boire une infusion dans le sofa défoncé par le temps. Lui, la tête contre la poitrine de son aimé, et elle, le ceignant de ses bras, ils restaient quelques heures dans l’obscurité, silencieux. Jenn finissait toujours par s’endormir de nouveau tandis qu’Adam attendait le lever de l’astre du jour.

Les journées, bien trop longue, Adam les passaient à attendre le retour de sa concubine. Son visage, toujours marqué par la violence des miliciens, ne pouvait être montré au grand jour sans attirer les questions et les soupçons. Pour leur sécurité, l’aîné de la famille Kane avait arrêté son commerce pour un temps, il avait autour de lui des hommes de confiance qui continueraient la tâche qu’ils s’étaient donnés. Des journées entières à rester assis à fixer le mur sans pouvoir en décrocher son regard humide des larmes qui coulaient en un flot continue le long de ses joues. La douleur qui transperçait ses côtes et le vide qui s’y insinuait insidieusement devenait toujours plus insupportable. Puis, la clé tournait dans la serrure et Jenn rentrait. Ils partageaient alors leurs larmes. L’incompréhension était pour Jenn la pire chose qu’on puisse lui infliger. Depuis qu’Adam était rentré dans un état effroyable d’une nuit où il avait découché, aucun mot à ce sujet n’était sorti de sa bouche laissant constamment la jeune femme à l’épreuve du doute. Elle aurait voulu partager le fardeau que le musicien portait, il le savait, mais il voulait la protéger et s’était le seul moyen.

Ce qui avait poussé Adam à se rendre à l’église, il n’en avait pas la moindre idée. Ou plutôt l’idée d’un lieu serein où il pourrait être en paix avec lui-même l’espace d’un moment où la spiritualité prendrait le dessus. Il ne pouvait pas continuer à laisser les larges cernes se creuser sous ses yeux vides alors qu’il fuyait le sommeil et les souvenirs comme ses pires ennemis. Il ne pouvait plus imposer à Jenn sa présence et sa culpabilité. Il avait besoin d’un conseil ou d’une oreille, mais surtout pas des gens qu’il aimait et qu’il aurait pu salir par ce qu’il avait fait. Alors, non il n’était pas persuadé que Dieu, allait lui venir en aide, encore moins celui qui était là-haut, perché sur sa croix, à poser son regard triste sur le monde, mais il savait qu’aucun des deux ne viendraient lui reprocher sa présence en cette maison sacrée.
Pourtant, ce n’était pas aussi simple que ce qu’il avait cru. L’aîné des Kane restait figé dans le silence pur de l’église, mais le froid dans sa poitrine et le conflit dans son esprit n’avaient pas encore rendu les armes. Le cœur aux bords des lèvres et les yeux brûlant d’une sécheresse humide, il savait que le fil sur lequel il se tenait était de plus en plus ténu.

Dans sa lutte contre lui-même, il fut distrait par les bruits de l’entrée du prêtre dans le cœur. Il releva doucement la tête alors que l’homme s’avançait un sourire rassurant aux lèvres, proposant alors son aide. Adam, n’avait aucune idée si malgré toute la volonté que cet homme pouvait posséder, il pouvait l’aider. Il le regarda un instant dans les yeux et ne pouvait y lire que la bonté et l’altruisme. Il se leva doucement avant de répondre d’une voix cassé.


-Je ne sais pas, j’aimerais...

Adam parut réfléchir un instant, il n’avait jamais dit, ni fait ça auparavant.

-J’aimerais me confesser, si c’est possible...
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Aidan Leckie
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptySam 22 Jan - 0:04

L'homme paraissait désemparé et une pointe d'hésitation apparu bien rapidement, tant dans le ton de sa voix que dans ses propos. Aidan l'avait vu réfléchir quelques instants avant de se lancer et de demander à se confesser. Il n'en fut pas réellement surpris tant son vis-à-vis semblait agité intérieurement et sur le point de s'effondrer. Livide comme la mort, il s'était relevé pour lui faire face et le pasteur le regardait toujours avec une extrême bonté naturelle qui apaiserait peut-être quelque peu l'âme troublée. Il n'en était cependant pas sûr, tout comme il n'était pas certain qu'il arriverait à être d'une quelconque aide à cet homme. Pourtant, il allait tout faire pour que ce soit le cas. Ne serait-ce que l'écouter. Il était impressionnant de constater à quel point les gens avaient parfois seulement besoin d'une oreille attentive. Le poids de la culpabilité, le remord, les regrets, la tristesse, le deuil, pouvait être soulagé le temps d'un instant lorsqu'une personne prenait le temps de vous écouter. L'homme d'église passait parfois des heures avec l'un de ses congénères sans que plus de quelques mots ne traversent la barrière de ses lèvres. Dès que les vannes étaient ouvertes, il fallait laisser se déverser tout ce qui avait besoin de sortir, sans restrictions et, surtout, sans jugements. Aidan mettait un point d'honneur a ne pas condamner ou faire la morale aux gens qui venaient à lui, pour quelle que raison que ce soit. Il était facile de se comporter ainsi, mais lui ce qui l'intéressait, c'était de comprendre et d'aider son prochain, de l'alléger du poids qui pesait sur ses épaules depuis parfois de longues années. C'était également pour ces raisons qu'il s'était converti en cambrioleur. Quoi de plus efficace lorsque le bonheur ou le bien-être ne tenait plus qu'à de simple chose comme manger à sa faim?

Quoique soit le problème de l'homme dont, il allait tout d'abord lui prêter une oreille attentive et il verrait par la suite s'il pourrait se rendre plus utile. Après un large sourire encourageant, il fit donc signe à Adam de se rasseoir avant de prendre place à ses côtés sur le vieux banc. Le silence était total et rien ne bougeait dans la petite église. Une aura de sérénité mêlée à une sombre gravité les enrobait, les plongeant dans une atmosphère propice à ce qui allait suivre. Les faibles lueurs des cierges dansaient toujours derrière eux, s'éteignant pourtant petit à petit lorsque les mèches se noyaient dans la cire, appesantissant quelque peu ce moment. La pénombre était froide et aucun rayon de soleil ne traversait les vitraux. Seules les gouttes de pluie se manifestaient, martelant avec bruit contre la bâtisse tandis que le vent s'engouffrait dans les recoins mal isolé pour hurler et geindre. Dehors, c'était le chaos et il espérait qu'en repartant, l'homme laisserait un peu de son propre chaos dans ce lieu.


- Je vous écoute.

Il n'avait pas besoin d'ajouter plus, ce n'était pas à lui de parler pour le moment, il savait être modéré lorsqu'il le fallait. Pas de « Mon fils » ou de confessionnal non plus, ce n'était vraiment pas le truc du pasteur! Il n'aimait pas cette rigueur et ces codes un peu désuets qui faisaient carrément ridicules si cela sortait de sa bouche! L'homme à ses côtés devait avoir à peu près le même âge que lui, en quel honneur aurait-il bien pu l'appeler par une familiarité aussi improbable? Et puis s'enfermer dans une boîte où l'on cachait sans vraiment le faire le visage du repentant, c'était un peu étrange. Il préférait de loin avoir un réel contact avec les gens, sans entretenir de quelconques mystères. Il était partisan de la sincérité et quoi de plus honnête et franc que d'être capable de voir le visage d'une personne qui se confessait? On pouvait déceler tellement plus de choses ainsi. Cependant, il avait encore des fidèles qui préféraient nettement cacher leurs traits honteux et il était normal qu'il ne les oblige pas à faire autrement. Il se retrouvait donc parfois dans cette sorte de cage de bois, confinée et obscure, réceptacle des secrets les plus lourds à porter. Il ne savait pas si Adam allait accepter de rester à visage « découvert », mais il s'adapterait quelle que soit la situation. Pour le moment, il restait concentré, les coudes posés sur ses genoux, les mains jointes soutenant son visage sur lequel un index venait frôler ses lèvres. Son regard quelque peu perçant se voulait toutefois doux et encourageait, du moins l'espérait-il, à la confession. Maintenant, il n'avait plus qu'à attendre.
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Adam Kane
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyMer 26 Jan - 3:25

Le prêtre face à Adam ne cessait de montrer des signes d'encouragement et de réconfort. Les sourires et les regards ôtés de toute condescendance ou de jugement que posait l'homme de foi sur le désespoir vide du musicien lui donnait un sentiment tacite de confiance. Sans le savoir, son inquiétude, la peur du rejet ou de l'incompréhension, mais aussi de la religion s'était retrouvé apaisée par le comportement de l'homme venu à ses côtés. Pourtant, Adam ne pouvait pas vraiment pour autant arrêter son corps de sursauter par petits à-coups ou de trembler de tout son corps l'espace d'un instant, alors qu'un frisson glacé descendait de sa nuque pour parcourir son échine puis ses membres. Les mains profondément ancrées dans ses poches et sa veste fermée jusqu'en haut, on pouvait associer ces tremblements au froid pernicieux qui s'engouffrait dans l'église et dont les mur imprégnait sans mal, pourtant, le mordant du thermomètre n'y était pour rien. Seul les terribles souvenirs, le sang qui tâchait maintenant ses mains lui extorquait de telles réactions, comme si chaque imagine des corps baignant dans son liquide vital déclenchait le courant électrique qui excitait ses nerfs et le transperçait de spasmes.

Après un signe de la part de l'homme d'église, Adam reprit place sur le banc où il était assis peu de temps auparavant avant que son interlocuteur ne fasse de même, et alors qu'il lui assurait qu'il lui prêtait une oreille attentive, Adam prit une longue inspiration. L'odeur de la cire qui se consumait entra dans ses narines et il ferma les yeux l'espace d'un instant. Le silence était parfait, voilà ce qu'on appelait un vrai silence « religieux » : le seul crépitement des bougies et de leurs flammes dansantes qui dévoraient leur mèches alors que chantait la complainte du vent.
Contrairement aux coutumes, du moins pour ce que Kane en connaissait. Il n'eut pas à faire au confessionnal, cette étrange boite de bois où s'enfermait le pêcheur pour avouer son crime à celui qui prononcerait le pardon divin. Mais à vrai dire, il n'avait pas vraiment l'air d'avoir à faire à un ce qu'on pourrait appeler « l'image d'un prête », après tout, le serviteur de Dieu portait un jogging et les cheveux long... tout cela n'était qu'une suite de préjugés, certes. Mais qui n'en a pas.

Adam n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait dire, ou non. Techniquement, tout. Mais comment mettre des mots sur cette chose immonde qui lui pesait sur le coeur et dont lui même ne nommait pas dans son esprit. Et quelle serait la réaction de l'homme de foi lorsqu'il avouerait son crime de but en blanc ? Prendrait-il peur, le dénoncerait-il, ou ferait-il seulement quelques gestes d'absolution avant de lui demander de partir en paix. Il ne devait pas avoir peur du jugement, pourtant il doutait. Depuis trop longtemps son corps et son âme était rongé par un secret qu'il ne pouvait supporter et alors que ses épaules commençaient à faiblir et sa volonté à s'effriter, il n'avait plus aucun autre recours.
D'un voix grave et faible, il fini tout de même par rompre le silence :


-J'ai tué un homme.

Ce fut ces première parole, parce qu'après tout, c'était les faits, les circonstances n'apparaissait qu'après. Il avait privé un homme d'une force bien plus puissante que lui et dont il sur laquelle il n'avait normalement aucun droit. Et pourtant, il avait ravi une vie, le don de la nature, d'une simple balle de révolver.
Adam passa une main sur sa figure, tremblante, elle essaya de chasser l'angoisse de ses yeux et la sueur de son front. Il n'osait pas regarder son interlocuteur en face, il ne voulait pas voir sa réaction, pas maintenant.


-Lors d'une violente bagarre... un milicien qui allait tuer mon frère...

Les mots sortaient avec difficulté alors qu'Adam peinait à garder son sang froid. Pendant temps d'année il s'était battu, plus jeune... et puis il avait compris que la violence ne servait à rien si se n'était qu'à se rabaisser au niveau du mal que l'on cherchait à combattre. Tous les jours, la milice massacrait, torturait, abattait des hommes et des femmes innocents. Sans aucun scrupule, les hommes en rouge ôtait la vie sans sourcillé. C'était en parti pour cela qu'Adam avait quitté la Cible il y avait bien longtemps et avait décider de se placer du côté où ses actes ne pourraient qu'être bon et n'aller à l'encontre d'aucun de ses principes. Pourtant, il avait franchis la barrière. Sans vibrée, sa main avait tenue l'arme et avait visé dans le seul but de mettre à mort. Certes, la victime n'était pas la plus innocentes des créatures, bien au contraire, pourtant aucun droit divin ou naturel, non plus civique, n'avait été donné à Adam pour que, de sang froid et parfaitement conscient, sur le moment, de son acte. Il avait voulu cette mort et n'était absolument pas arrivé par accident, dans une tentative d'auto-défense où le coup serait parti tout seul. Non, le musicien avait le temps de viser sa cible, de souhaiter sa mort et de déverser sa colère à travers son index appuyant de toute ses forces sur la gâchette si chatouilleuse.

En l'espace d'un instant, il avait changé de camp, il avait réduit son âme à celle d'un meurtrier, ni plus ni moins, il ne valait pas plus que l'homme qu'il avait achevé. C'est tout cela, que par des mots entre-coupés et des phrases bancales, qu'Adam avait essayé de faire comprendre au prêtre silencieux. Voilà ce qui détruisait petit à petit l'homme, l'attaquant de l'intérieur, putréfiant ses organes et son esprit. Lorsqu'il eut fini de parler, il plongea son visage dans ses mains, bien trop fatigué.
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Aidan Leckie
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyJeu 14 Avr - 17:35

Aidan observait avec attention son interlocuteur tandis que ce dernier évitait soigneusement de poser ses yeux sur lui. La honte peut-être ou la peur l'en empêchait très certainement, mais cela ne dérangeait pas l'homme qui en avait pris l'habitude. C'était généralement un moyen de parler en adoucissant la réalité, la rendant moins pénible à admettre, à regarder en face. La plupart des personnes qui se confessaient agissaient ainsi, même dans la rassurante obscurité du confessionnal. Il était clair que ce que cet homme allait lui révéler était un lourd secret, un évènement qu'il n'acceptait pas, dont il se sentait coupable. Qui le hantait tout simplement. De longues secondes s'écoulèrent avant qu'il ne prenne son courage à deux mains et ne commence avec cette phrase terriblement simple qui claqua dans l'air. Il avait tué... c'était triste à dire, mais ce n'était de loin pas la première fois que le pasteur entendait cette phrase, cependant, son attitude attentive ne changea pas d'un pouce. Il restait concentré, le regard bienveillant. Il ne démontrait aucun signe de colère, de peur ou de reproches. Rien dans son comportement ne laissant entendre qu'il pourrait avoir un discours moralisateur. Il ne jugeait pas Adam et le laissa s'exprimer et dire tout ce qu'il n'avait très certainement jamais dit à quiconque, qu'il n'avait peut-être même jamais formulé pour lui-même. L'homme d'Eglise retenait chaque détail et rapidement, il eut une vision claire de ce qu'avait été la situation, du caractère de la personne qui se trouvait à ses côtés et de ce qui faisait qu'il était littéralement hanté par cette nuit qu'il maudissait certainement.

Lorsque il eut fini de déverser son sac, Aidan resta silencieux un bon moment. Sa tête se tourna vers le chœur qu'il contempla d'un regard concentré et sérieux. Ce que venait de lui avouer cet homme était grave, dur, lourd à porter et il devait maintenant trouver les mots justes, ceux qui le rassureraient et lui permettraient d'avancer. Son visage toujours posé sur ses mains, il réfléchissait, laissant ainsi le temps à Adam de se reprendre, de réaliser que déjà il pourrait se sentir plus léger d'avoir parlé. Lentement, après cette longue pause presque méditative, il se tourna vers lui et prit la parole d'une voix grave mais calme qu'il voulait douce et apaisante.


- Vous avez tué. Ce que vous devez déjà vous dire c'est que malgré cela, vous êtes un homme bon, bien plus que ceux à qui vous vous comparez. Vous éprouvez des remords, vous vous sentez coupable, vous savez que vous ne pouvez arracher ainsi la vie à un être, en toute impunité. Toutes les émotions qui vous assaillent et vous empêchent d'avancer sont la preuve même que vous n'êtes pas comme ce milicien qui allait abattre votre frère. Vous êtes venu me trouver pour vous confesser. Aucun d'eux ne serait venu.

Il fit une brève pause, un mince sourire traversant furtivement ses traits et une expression ferme et décidée s'installant avec naturel avant de reprendre de ce même ton qu'il avait employé jusqu'à lors.

- Vous dites avoir souhaité sa mort, que ce n'était pas un accident. On me demande souvent pourquoi Dieu laisse faire telle ou telle chose et je réponds toujours : parce qu'il a donné à l'homme son libre arbitre. Celui-ci fait ses propres choix. La question qui se pose maintenant est: avez-vous fait le choix d'abattre ce Milicien? Ou avez-vous fait le choix de sauver la vie de votre frère? La principale conséquence reste la même, certes, cet homme ne vit plus. Mais ce qui a motivé votre geste, une simple et animale envie de retirer la vie ou l'instinct primaire de vouloir protéger les siens, c'est ça qui change tout. Je ne dis pas que c'est une excuse, je dis que parfois nous sommes obligés de faire de cruels choix. Celui qui s'offrait à vous était compliqué et simple en même temps. Ne pas aller à l'encontre de vos principes et de vos idéaux ou sauver la vie de votre frère.

Il avait évoqué le Nom du Seigneur sans arrières-pensées aucunes. Il ne cherchait pas à profiter du malheureux et de ses faiblesses et à l'embrigader dans son Eglise. Il ne faisait que répondre par les moyens dont il disposait et le fait de se référer à Dieu était le sien, c'était sa manière d'expliquer les choses en quelque sorte. Bien que dans ce cas précis, cela n'expliquait rien, c'était plus une piste de réflexion qu'il proposait.

- Je vous accorde que ce choix était pervers, tout comme celui qui vous l'a imposé, cet Homme en Rouge. Regrettez-vous pourtant votre geste? Aurait-il été plus simple de le laisser tuer votre frère? Auriez-vous pu surmonter cela? Un autre choix s'offre à vous maintenant. Soit vous vous laissez aller à la culpabilité et vous lui donner des armes pour vous détruire de l'intérieur. Soit vous apprenez à vivre avec, à relativiser. A vous posez les bonnes questions. N'oubliez pas que parfois il n'y a pas de bon choix, il y en a simplement des moins pires.

Il se redressa lorsqu'il eut fini de parler, scrutant le visage de son vis-à-vis à l'affût du moindre signe. Ses paroles avaient-elles fait mouche? Avait-il réussi à apaiser sa conscience? Il avait tout son temps pour continuer à discuter, il le prendrait en tout les cas. Il savait que d'autres personnes l'attendaient, mais ces mêmes personnes étaient au courant de ce que son métier de pasteur impliquait. Parfois il y avait des imprévus, parfois ce qui ne devait être qu'une rapide visite se transformait en discussion profonde de quelques heures. Rien n'était jamais sûr, tout était fluctuent et ça, Aidan adorait. C'était ce qui faisait que malgré ses activités quotidiennes que d'autres pouvaient voir comme répétitives, il ne s'ennuyait jamais. Il y avait toujours du changement, même si ce dernier était infime, toujours de nouveaux visages, de nouvelles rencontres. Il n'y avait aucun doute, il était bien là où il était et n'aurait changé de place pour rien au monde! Son métier, c'était sa bouffée d'oxygène, son être, toute sa vie qu'il mettait au service des autres.
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptySam 14 Mai - 1:28

Le corps parfaitement immobile, le visage plongé dans ses doigts, Adam resta quelques instants dans cette position, complètement refermée sur lui-même et soudainement réfractaire au monde extérieur. Il était une ombre sur ce banc d'église, un spectre blême et tremblant. Le silence c'était de nouveau installé entre les deux hommes qu'aucun bruit ne venait rompre, pourtant sous le crâne du musicien, une tempête faisait rage, un véritable vacarme confus et douloureux qui cognait le long des parois de sa boite crânienne, brisant la sérénité du lieu. En boucle, des images inondaient son cerveau de même que les maux de la culpabilité rongeait sa poitrine. Devant ses yeux clôt il revoyait le corps du milicien tomber lourdement sur le sol, l'arme brulante dans sa main, la haine qui dévorait son cœur au moment de son acte. Tout cela ne faisait qu'une large boucle dans son esprit.

Pourtant, les paroles du prêtre réussir à calmer ce déchainement de souvenir alors qu'il relevait les yeux vers l'homme de foi. Son ton était des plus calme et rassurant, de même que l'était son regard, rien n'avait changé dans son attitude malgré les aveux du musicien et son discours poussait Adam à réfléchir. Tout lui semblait à la fois extrêmement clair et confus. Il avait cette impression d'être compris sans pourtant pouvoir être apaisé, mais aussi la désagréable sensation de ne pouvoir accepter aussi facilement toutes ses paroles. Il voulait croire cet homme chez qui il était venu chercher de l'aide, seulement le poids sur ses épaules pesait chaque seconde un peu plus et il avait beau avoir conscience que la perte d'un être cher n'aurait pas été plus concevable, il ne pouvait empêcher que l'impression d'avoir du sang sur les mains ne lui colle à la peau. Il ne pouvait pourtant pas non plus imaginer, ne serait-ce qu'une seconde, sacrifier la vie de son frère. Sa famille était tout pour lui, les décisions qu'il avait prises, avaient toujours été pour le bien de sa famille, pour ce qu'il pensait être le meilleur, que ce soit lors de sa prise de position contre le pouvoir, mais également lorsqu'il avait décidé de se ranger. Protéger les siens et fonder sa famille, voilà quelles avaient toujours été ses motivations.

Pourtant. Il n'y avait qu'une série de « pourtant » dans son crâne, qui ne cessait de lui rappeler que toutes les excuses du monde ne rendrait aucune vie, même la plus corrompue et pourrie soit-elle.
Il était incapable de fixer son regard sur le prêtre, ni sur quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Les yeux plongés dans le vague, la fatigue physique et morale laissait la porte ouverte à tous les doutes, écrasant sans aucune difficulté tout le reste, mais surtout la possibilité de prendre du recule. Adam était littéralement exténué. Les paroles pourtant éclairées de l'homme d'église pesaient sur lui, il lui fallait le temps de les digérer, de les assimiler. Soudainement il pensa à la femme de sa vie, celle qu'il chérissait et pour qui il aurait tout donner, elle, comme son cadet, ne savait pas. Elle avait passé des semaines à lui poser des questions, à tenter de comprendre. Il l'avait laisser à la torture sans jamais rien lui dire, tentant de lui assurer que tout allait bien. Mais elle n'était pas dupe, et il lui faisait du mal, il le savait.

Il ferma une nouvelle fois les yeux avant de prendre ce qui se voulait être une profonde inspiration, mais une barre dans sa poitrine l'empêchait de gonfler ses poumons. Sa bouche sèche et pâteuse, ses cordes vocales cisaillées, il prit son temps avant de prendre la parole. Ses yeux fuyant semblaient chercher après les mots adéquats et il dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de formuler sa pensée.


-J'ai l'impression... de mentir aux gens que j'aime... si je suis venu... je cherchais des réponse... mais aussi le besoin de parler....
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Aidan Leckie
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyDim 19 Juin - 3:32

Aidan eut le plaisir de constater que ses paroles n'avaient pas été vaines et avaient atteint l'homme assis à ses côtés. Celui-ci paraissait tout aussi désemparé qu'avant, voir même plus confus encore, mais il semblait également réfléchir à ce qui venait d'être dit, ce qui en soit était déjà un bon progrès. Bien sûr il avait beau être un homme de Dieu, il ne pouvait pas toujours faire des miracles. Le musicien allait devoir porter sa croix pendant encore un long moment avant que le poids de la culpabilité commence à moins lui peser sur la conscience. Le temps devait faire son œuvre, il n'y avait pas d'autres remèdes. Il lui fallait le temps de digérer son acte, de l'accepter entièrement ainsi que les conséquences qui en avaient découlé, avant de réussir à se pardonner. C'était là toute la clé, le pardon. Ce n'était pas en se torturant l'esprit jusqu'à la fin de sa vie qu'il allait être apaisé ! Peut-être pensait-il qu'il ne méritait pas mieux, mais il faudrait qu'il comprenne que la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille et que nos actes ne sont pas toujours aussi propres et beaux que ce que l'on voudrait. Le pasteur l'avait d'ailleurs compris depuis longtemps, car certes il n'avait jamais ôté la vie à un homme, cependant les larcins faisaient partis de sa vie quotidienne. Il brisait en toute connaissance de cause le 7ème commandement de Dieu. Il avait choisi cette voie afin d'aider les plus démunis, ce à quoi on aurait pu lui rétorquer que l'Enfer est pavé de bonnes intentions. Les deux points de vue se valaient, cependant, lorsque l'on partageait déjà tout avec les autres, son temps, son argent, son toit, ses vivres ou ses vêtements, comment faire pour continuer à les aider encore plus ? Leckie était persuadé que ce qu'il faisait ne plaisait pas forcément au Tout Puissant, mais il avait la conscience tranquille, bien plus que s'il ne faisait rien pour aider ceux qui l'entouraient et qui en avaient grandement besoin. Il priait et demandait le pardon du Seigneur après chaque vol, sans pour autant faire de fausses promesses d'arrêter son métier de cambrioleur.

C'était bien ça qu'il fallait qu'Adam comprenne, qu'il était un être humain, avec ses faiblesses et ses torts, mais aussi ses qualités qui pouvaient lui permettre de se racheter à ses propres yeux. A présent il devait sans doute se détester, mais avec les semaines, les mois, peut-être même les années, il apprendrait à vivre avec cette partie de lui qui lui rappelait qu'il n'était pas parfait, loin de là, mais qu'il n'était pas une complète ordure non plus. Qu'il avait ses bons côtés qui faisaient qu'il s'en voudrait toujours de son geste, mais qu'il aurait la force et la présence d'esprit de l'accepter. En plongeant son regard dans le sien, le pasteur n'avait aucune peine à sonder son âme et à savoir que c'était un homme bon qu'il avait à ses côtés. Il fallait qu'il comprenne qu'il n'était pas Dieu et que jamais dans sa vie il ne pourrait se détacher de sa condition humaine qui le mettait à présent dans cette situation de détresse. Qu'il croit au Seigneur ou non, peu importait en fin de compte, le principal étant qu'il se devait d'accepter ses faiblesses pour mieux les atténuer et les travailler, pour en faire des forces. Il lui fit part de ses pensées avant qu'il ne prenne la parole et fasse part de son inquiétude quand à ses proches qui, il était évident, se posaient beaucoup de questions à son égard. A nouveau, Aidan prit le temps de réfléchir avant de répondre, scrutant l'autel avec attention en choisissant ses mots avec lenteur.


- Vos proches vous aiment et il est normal qu'ils soient inquiets et que vous ne souhaitiez pas les mêler à ça. Peut-être avez-vous peur de les perdre, de perdre leur amour et que celui-ci fasse place au dégoût et à l'incompréhension. Je pense toutefois qu'il serait bon, non seulement pour vous mais également pour eux, que vous leur fassiez part de ce que vous avez fait. Ou tout du moins que vous arrêtiez de leur dire que tout va bien si vous ne réussissez pas à donner le change. Accepter face aux autres son désespoir est déjà un pas en avant dans votre rédemption. Dites-leur que vous avez besoin de temps et de leur soutien, expliquez-leur les sentiments qui vous ont agité. La rage, la haine et le dégoût face à ce Milicien, ainsi que la culpabilité mais également le soulagement à sa mort. Car il faut vous l'avouer, vous avez sûrement été soulagé qu'il ne soit plus là pour achever votre frère. Tout ce qui vous passe par la tête, dites-le leur, sans honte ni gène, car ils vous aiment, peu importe ce que vous avez fait. Ils comprendront. Ce sera dur à entendre et à encaisser, c'est une certitude, cependant vous allez avoir besoin d'eux et les garder ainsi à l'écart les blesse sûrement. Imaginez-vous de voir une personne chère sombrer sans que vous ne sachiez pourquoi ni quoi faire pour l'aider ? Ne leur faites pas du mal à eux aussi, cesser de leur mentir et de vous mentir. Traversez cette épreuve ensemble, cela vous aidera bien plus que vous le pensez.

Bien sûr, tout ce qu'il lui disait n'était que des suggestions, l'homme en ferait bien ce qu'il voudrait après cela, mais Aidan espérait sincèrement qu'il l'écouterait. Sans ses proches, il risquait bien de sombrer et rapidement qui plus est. Il était déjà dans un état déplorable, s'il continuait à se laisser aller, il serait capable de faire une bêtise que tout le monde regretterait. Il fallait qu'il réfléchisse sérieusement à ce qui venait d'être dit, sans quoi sa culpabilité le rongerait jusqu'à le faire mourir seul, éloigné de tous ceux qui lui sont chers et qu'il a écarté par peur de les impliquer.

- Je ne peux vous donner les réponses que vous cherchez, je peux simplement vous donner des pistes, des indices peut-être. C'est à vous de trouver ces réponses, au fond de vous, avec le temps. Sachez que vous serez toujours le bienvenu en ces lieux pour parler, de jour comme de nuit. Si vous doutez, n'hésitez pas à venir.

Non, il n'essayait pas de fidéliser une nouvelle clientèle ! Son profond et sincère désir d'aider autrui était plus fort que tout et il ouvrait sa porte à qui ressentait le besoin d'entrer. Cet homme était désemparé depuis bien trop longtemps apparemment. Il manquait cruellement de sommeil, il suffisait de lui jeter un rapide coup d'œil pour s'en apercevoir. Son esprit, son corps mais surtout son âme étaient fatigués et le pasteur espérait qu'il avait réussi à l'apaiser ne serait-ce qu'un peu. Il n'avait pas la science infuse, lui aussi n'était qu'un homme, mais un homme d'une infinie bonté qui prenait le temps de proposer un point de vue différent à des situations problématiques qui paraissaient sans issue. Maintenant il ne restait plus qu'à voir si l'homme suivrait le chemin qu'il venait de commencer à tracer pour lui ou pas.


Dernière édition par Aidan Leckie le Dim 2 Oct - 17:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyMar 2 Aoû - 20:36

Adam contemplait un peu hagard la statue accrochée derrière l'autel, ses yeux s'était plusieurs fois posés sur la sculpture en bois sans jamais réellement y prêter attention, mais maintenant qu'il la regardait d'un œil nouveau, la figure du martyr accroché sur sa croix l'ébranlait. La peinture qui recouvrait le bois s'écaillait par endroit ou avait perdu de sa couleur, mais malgré les traits douloureux sur le visage du Christ, son regard tourné vers le monde semblait chargé d'une bienveillance déconcertante. Le sauveur du haut de son calvaire semblait veillé sur lui. Troublé par l'icône, Adam avait détourné les yeux, l'espace d'un instant il avait presque oublié les raisons qui l'avait poussé dans ce lieu de culte et de paix. Il sentait alors les yeux du pasteur à ses côtés se poser sur lui alors que l'homme d'église prenait son temps pour lui répondre. Adam profitait de ces quelques instants de silence pour remettre en place ses pensées mais un réel dilemme se posait à lui et menait un combat acharner dans son esprit. Il avait déjà envisagé chaque solution mais jamais aucune ne lui avait paru suffisamment correcte. Le silence des deux hommes aurait pu être un apaisement pour Adam mais il était davantage une torture pour lui alors qu'il se débattait avec ses propres contradictions.

Lorsque Aidan avait reprit la parole, l'homme était plongé dans ses douloureuses réflexions et ce dernier l'en tira un peu brusquement. Le résistant l'écoutait avec attention alors que le pasteur établissait un constat plus proche de la réalité qu'Adam n'aurait pu l'imaginer. La peur de perdre les gens qu'il aimait était une certitude et il possédait plus d'un secret qui lui aurait valu de perdre la confiance des siens, mais s'il avait tu son acte meurtrier c'était également pour tenter de l'oublier. Evan avait sombré dans l'inconscience avait qu'il ne tire la balle fatale, tout cela aurait pu donc ne jamais avoir eu lieu et pourtant la culpabilité ne cessait de le ronger. Sans regarder l'homme de foi, Adam hochait doucement la tête à certaine de ses paroles. Il avait l'impression que celui-ci comprenait parfaitement ce qui le déchirait et mis le doigt sur une réalité qui avait particulièrement dérangé le musicien : au fond de lui, il savait parfaitement que si son geste était à refaire pour protéger l'un des siens, il n'hésiterait pas un instant à le refaire. Il haïssait le pouvoir qui leur volait leur vie et le liberté, il haïssait les hommes en rouge corrompu jusqu'au dernier. Mais il avait eu l'impression que son geste l'avait abaissé à cette pourriture abjecte.

Dans les paroles d'Aidan, le musicien y voyait une vérité qu'il avait que trop tenter de ce cacher, mais l'entendre de la bouche de cet inconnu inhibait soudainement les barrières qu'il s'était posé depuis des semaines. Ce point de vue extérieur lui donnait l'impression d'entendre ses proches qui lui aurait dit ce qu'ils attendaient de lui dans un moment pareil. Il s'en voulait de ne pas leur avoir parlé, de les avoir tenu à l'écart de son malaise. Il avait longtemps penser pouvoir régler ça seul avec lui même et sa conscience, mais les semaines passées n'avaient fait que lui prouver le contraire. Il n'osait même plus se regarder en face, encore moins Jenn, à qui pourtant il disait tout. Il ne dormait plus et il avait réellement besoin de vider son sac avant de péter un plomb. Mais en théorie, il voulait rentrer et parler à sa compagne, lui expliquer les choses et lui demander pardon. Pourtant, en pratique, il savait qu'il aurait du mal à aller spontanément vers elle pour tout lui avouer. Peut-être devrait-il passer par son frère auparavant. Celui-ci ne serait probablement pas tendre, mais il agir surement en déclic qui lui permettrait de faire le pas avec Jenny.

L'homme à ses côté ajouta qu'il ne pensait pas posséder les réponses, ni même les paroles juste mais qu'il lui offrait simplement les pistes qui le guiderait de nouveau vers les siens, avant de lui assurer qu'il serait toujours le bienvenu ici pour lui parler de ses appréhensions et de ses doutes. Adam hocha une dernière fois la tête et pour la première fois, il posa réellement son regard sur le pasteur assis à côté de lui. Il esquissa un petit sourire douloureux, il avait raison, rien ne serait simple, mais il avait l'impression d'avoir trouvé la force de passer un cap. Adam se releva doucement du banc toujours en regardant l'homme d'église d'un œil reconnaissant. Il le remercia plusieurs fois pour tout, toutes ses paroles et ses conseils, ainsi que pour sa proposition. La bonté et l'ouverture d'esprit de l'homme l'avait touché, de plus, il avait prit le temps de l'écouter et de lui répondre sans le juger et Adam lui en était infiniment reconnaissant. Alors qu'il allait se diriger vers la nef pour sortir, le musicien s'arrêta un instant avant de revenir vers le prêtre. Encore un peu mal à l'aise, il proposa à se dernier en lui tendant une petite carte avec ses coordonnées :


-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, d'aide, pour vous ou votre paroisse, je peux peut-être vous aider.

Il tourna de nouveau les talons pour rejoindre la sortie. Si ses pensées étaient encore confuses, les mots du pasteur résonnait encore dans son crâne et lui donnait une étrange impression soulagement. Il savait que ce ne serait pas aussi simple une fois rentré chez lui, mais il se rappelait qu'au delà de ses problèmes qui maintenant avait un début de solution, il se devait de ne pas oublier ses convictions, ni sa vocation à aider les autres qu'il avait pour un temps mis de côté.

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MessageSujet: Re: Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS]   Confession d'un rescapé [03 Mars 2100 - CLOS] EmptyDim 2 Oct - 18:20

Le pasteur semblait, à nouveau, avoir fait mouche avec ses mots. Son interlocuteur donna l'impression de réfléchir intensément avant de tourner vers lui un visage souriant. Certes ce n'était pas un sourire de joie qui lui traversait les lèvres et ses traits exprimaient toute la douleur et la tension qu'il pouvait ressentir, cependant Leckie aurait mis sa main à couper que jamais, avant le début de cette conversation, l'homme n'aurait imaginé être encore capable de sourire. Il ne se jetait pas des fleurs, non. Il avait certes des défauts, mais la vanité et l'orgueil n'en faisaient pas parti. Il était simplement heureux de voir qu'il avait pu aider son interlocuteur dans cette douloureuse épreuve qui le détruisait à petit feu. Le chemin allait être long, très long même, jusqu'à ce qu'il reprenne une vie normale et équilibrée et qu'il fasse abstraction de son geste. Il ne s'agissait pas de l'oublier et de le cacher dans un recoin sombre et hanté de sa mémoire, mais plutôt d'apprendre à vivre avec, de l'accepter, de reconnaître son existence et l'impact qu'il avait eu sur sa vie. C'était là la seule solution pour qu'il s'en sorte : ne plus se forcer à oublier. C'était de là que partaient tous les problèmes, dont celui qui semblait être le plus important aux yeux de l'homme, à savoir mentir à ses proches. Nul doute qu'il allait à présent sérieusement réfléchir à la possibilité de leur révéler la vérité. Peut-être pas lorsqu'il rentrerait ce soir, ni même demain ou avant la fin de la semaine, mais sûrement bien plus vite maintenant qu'il avait reçu du soutien. Parfois, c'était simplement ça qui manquait pour donner le courage nécessaire de prendre ses responsabilités. Il suffisait qu'une seule personne vous écoute et vous comprenne pour que le monde paraisse soudainement moins terrifiant et cruel. Une seule personne qui vous donnait le coup de pouce qui allait mettre en marche la machine. Il n'y avait plus qu'à attendre à présent, comme lorsqu'un jardinier plantait une graine et attendait patiemment qu'elle pousse, mûrisse et donne ses fruits.

Aidan ne pu que répondre à plusieurs reprises qu'il avait été ravi de pouvoir aider l'homme après que celui-ci l'ait remercié un certain nombre de fois. Il avait l'habitude de ce genre d'effusion, cependant il ne pouvait s'empêcher à chaque fois d'être quelque peu mal à l'aise. Bien sûr il ne coupait jamais court aux remerciements qui étaient toujours honnêtes et spontanés, cela aurait été faire preuve d'un non-respect flagrant. Toutefois, il considérait qu'il ne faisait que son job et pas seulement celui d'homme d'Eglise, c'était son travail, sa responsabilité en tant qu'être humain, d'aider ses congénères à se sortir de situations difficiles. Pour lui, s'était dans sa nature et il n'y avait nul besoin de le remercier pour cela. Quoiqu'il en soit, il se leva en même temps que son interlocuteur et le regarda s'en aller, la mine satisfaite, avant que ce dernier ne revienne sur ses pas et ne lui tende une carte. Le pasteur y jeta un rapide coup d'œil avant de remercier à son tour le dénommé Adam pour sa générosité, puis il le regarda sortir définitivement de l'Eglise délabrée d'un air songeur. Il posa à nouveau les yeux sur la petite carte et laissa un large sourire lui barrer le visage. Il était toujours bon d'avoir ce genre de contact lorsque l'on venait en aide aux plus démunis et Lecki était persuadé qu'à terme, leur collaboration aiderait beaucoup de personnes. De plus, le fait que l'homme ait pensé aux autres en partant était un signe plus que positif sur sa nature profonde, sa bonté et le fait qu'il était indéniablement sur le chemin de la guérison. Bientôt il irait mieux, bientôt...

Et en parlant de venir en aide aux autres, il était temps pour lui de prendre la route et d'effectuer son parcours quotidien à travers les rues et ruelles du quartier et des environs, afin de prendre des nouvelles des uns et des autres. Il avait certes pris le temps de discuter avec Adam avec plaisir, cependant il avait pris du retard et s'il voulait passer chez tout ceux à qui il avait fait la promesse de venir, il fallait qu'il parte immédiatement. Il se dépêcha donc de mémoriser les précieuses informations contenues sur la petite carte avant de la détruire, par simple mesure de précaution. Il enfila ensuite un long manteau noir qu'il agrémenta d'un large bonnet de laine de la même couleur qui recouvrait parfaitement ses dreads. Après un rapide tour de la petite Eglise, lorsqu'il fut certain qu'aucune lumière ni porte ouverte n'avaient été oubliées, il sortit d'un pas précipité des larges battants en bois qu'il ne prit pas la peine de fermer à clé. Ceci était un lieu de culte qui devait rester ouvert en tout temps. Son large sac à dos sur les épaules, transportant encore deux gros sacs de toile, il prit la route d'une démarche rapide et commença sa tournée, distribuant nourriture, bons conseils et sourires à la ronde.
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