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 Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]

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Iacov Bolgarski
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Iacov Bolgarski


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MessageSujet: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyLun 23 Mai - 23:09

Iacov s'engouffrait à toute vitesse dans les étroites rues des bas-fonds au volant de sa voiture de sport, faisant rugir le moteur avec un plaisir non dissimulé tandis que le soleil se couchait au loin. Il avait rendez-vous dans un quartier malfamé, au 7ème étage d'un immeuble en ruines où seuls les rats étaient considérés comme résidents permanents. De son contact, il ne savait que peu de choses, voir quasi rien. C'était une femme, assez haut placée dans la résistance vu qu'il allait s'entretenir avec elle, mais c'était à peu près les uniques informations qu'il possédait. Il faisait souvent des affaires avec la Cible, mais il n'avait que rarement eu de rendez-vous direct. Autant pour ses clients que pour lui, cela présentait un risque non négligeable de se faire attraper par la Milice et condamner pour haute trahison. Il lui fallait donc être prudent et en arrivant à proximité de l'adresse griffonnée sur un bout de papier, il ralentit brusquement jusqu'à s'arrêter complètement dans une rue adjacente. Il descendit rapidement de son véhicule, sortit un briquet d'un geste vif et brûla le papier qu'il tenait toujours en main. Sécurité avant tout! S'il se faisait arrêter en retournant chez lui, mieux valait qu'il ne donne aucun indice sur ses activités nocturnes. Il remonta le col de sa veste, replaça ses lunettes sur le haut de l'arrête de son nez et se dirigea vers le bâtiment où l'attendait la rebelle de sa démarche rapide. Après s'être assuré que personne ne le suivait, il poussa la porte défoncée pour s'immerger dans la pénombre sale et poussiéreuse du hall d'entrée. Une odeur de pourriture et de vieux flottait dans l'air et de petits cris se faisaient entendre. Les locataires n'aimaient visiblement pas être dérangés. Qu'importe, il ne se formalisa pas de l'aspect du lieu et monta les étages d'un pas à présent lent et mesuré.

Trois coups secs retentirent et à la seconde où l'on lui permit d'entrer, il s'engouffra dans la pièce pour se retrouver face à une femme d'une trentaine d'années, rousse, pas désagréable à regarder et à l'air farouche. Comme tant d'autres rebelles d'ailleurs, ils avaient tous un peu la même expression de défit et d'arrogance. Mais il ne jugeait pas, pas du tout même. Il se contentait de constater les faits, sachant pertinemment que sa propre apparence n'était guère engageante. Un coup d'œil à sa montre lui prouva qu'il était arrivé à l'heure, comme à chaque fois. Jamais aucun retard de la part du Russe, cela aurait été inconvenant et contraire à son éducation stricte. C'était un signe de respect que de se montrer ponctuel et il en espérait autant de la part de ses partenaires de business. Et en parlant des bonnes manières, il continua sur sa lancée en s'avançant vers la jeune femme, la main tendue et se présenta sans fioritures. Ils en savaient très certainement déjà beaucoup sur lui, tout du moins ce qu'il voulait bien laisser paraître. Il arrivait à garder ses secrets et l'une des raisons était bien qu'il n'en disait jamais trop.


- Bonsoir. Iacov Bolgarski.

Il ne s'attendait pas réellement à ce que la résistante lui dévoile son identité, réelle ou fictive d'ailleurs. Ces gens-là vivaient pour la plupart dans l'ombre et ne se montraient en tant que rebelles qu'à visage couvert. Il avait été surpris de voir que la jeune femme ne suivait pas cette règle et osait montrer ses traits sans aucune gène. Soit elle avait une confiance incroyable en lui, ce dont il doutait passablement, soit elle n'avait plus rien à perdre. Quelque part, il penchait pour la seconde option, bien que rien ne pouvait lui permettre de l'affirmer pour l'instant. Son visage lui disait vaguement quelque chose et c'est peut-être bien ce détail qui l'avait fait tilter, cependant, il ne chercha pas à percer les mystères de son interlocutrice, car pour le moment, il était question d'affaires. Ils allaient probablement parler des nouveautés, de ce qu'il pourrait leur fournir sans courir de risques, de ce dont ils avaient besoin et de ce qu'il demanderait en retour, bien évidemment. Car il ne fallait pas perdre de vue que même s'il soutenait leur cause, c'était bien pour une seule raison : parce qu'elle servait la sienne. Il voulait faire tomber l'Impératrice et ces hommes et ces femmes étaient les seuls à vouloir faire de même. Leur intérêt commun les liait mais ne les protégeaient pas, bien au contraire. Il avait l'habitude de tremper dans des affaires plus ou moins louches, mais fricoter avec la Cible était autrement plus dangereux. Et puis se procurer les armes dont ils avaient besoin n'était pas chose aisée, surtout lors des contrôles aux frontières. Il avait beau avoir quelques personnes à sa botte, douaniers et policiers en tout genre, il restait un citoyen résidant dans l'Empire de Joane Livingstone et rien que ça était déjà assez périlleux.


Dernière édition par Iacov Bolgarski le Mer 2 Jan - 22:13, édité 2 fois
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Julianne Cherring
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyMar 24 Mai - 17:55

Julianne ne pouvait pas supporter bien longtemps de rester enfermée et seule à se reposer comme le médecin l’aurait voulu. Elle savait que pour elle, mais surtout pour le bébé, elle se devait d’être prudente. Elle ne pouvait plus se permettre de risquer sa vie, risquant de mettre en péril l’avenir déjà fragile de leur famille. Famille ? Elle avait bien du mal à s’imaginer comme tel. Est-ce qu’ils pouvaient se le permettre dans un tel contexte ? Elle refusait de mettre le bébé ou Evan en danger, pourtant, si par malheur il lui arrivait quoi que ce soit et qu’on pouvait la relier au résistant et à l’enfant, ils deviendraient les cibles privilégiées du gouvernement. Elle ne voulait pas penser à tout ce que cela indurait, elle ne le supporterait pas. Elle n’avait pas peur de la mort, mais qu’on lui prenne son enfant et l’homme de sa vie, même si elle refusait de l’admettre, qu’ils souffrent à cause d’elle, jamais.
Pour la deuxième fois de sa vie, le destin demandait à Julianne de s’éloigner de la résistance, de prendre du recule, mais elle ne le pouvait tout simplement pas. C’était sa vie, ses idéaux, rester en retrait la rendait folle, comment pouvait-on rester les bras croiser, encore plus maintenant qu’elle se surprenait à rêver d’un monde où elle pourrait élever leur enfant sans se cacher, sans la peur que tout lui soit dérobé.
De plus, la grande parade avait certes été une réussite, mais la Cible ne pouvait se permettre de se contenter de ce coup d’éclat. La Cinglée était toujours dans le coma et si la répression faisait rage, il fallait encore harceler le pouvoir pour le faire chanceler jusqu’à son effondrement total. Pour cela, la résistance ne pouvait plus se contenter de placarder ses affiches et de scander ses slogans, la GPI en avait été la preuve. Julianne avait depuis longtemps renoncé à poser des bombes dans les métros ou les lieux publics. Elle était bien trop jeune et trop radicale à l’époque. Pourtant, il n’avait pas d’autre choix que de prendre les armes pour les diriger contre le pouvoir.

La rebelle regardait le soleil se coucher sur la ville depuis une des nombreuses fenêtres à moitié condamnées du bâtiment. Le ciel s’assombrissait au fur et à mesure que l’astre du jour disparaissait derrière l’horizon pour laisser apparaître les premières étoiles et Julianne se laissait distraire cette vue qui lui rappelait à chaque instant le chemin qu’il restait à parcourir. Elle avait fait abstraction des recommandations du médecin et avait prévenu Evan de ses intentions. Elle ne savait pas trop si c’était par dépit qu’il l’avait laissé faire mais d’un côté elle ne voulait pas trop chercher à savoir, les conflits avaient été trop nombreux ses derniers temps, elle voulait essayer de réparer ce qui semblait s’être brisé entre eux.
Certes, négocier des armes pour le compte de la Cible avec un mafieux notoire n’était pas forcément faire preuve de bonne volonté...
Ce genre d’affaires ne se passait généralement pas de façon directe mais cette fois ci, c’était un peu différent. L’organisation résistante avait déjà eu recours aux services de Iacov Bolgarski, un aristocrate russe, mafieux craint et respecté qui trempait dans toutes sortes d’affaires louches, mais à vrai dire, là n’était pas vraiment la question. Et si Julianne connaissait rapidement l’homme sur le papier, elle ne l’avait jamais rencontré mais étrangement n’arrivait à dire sur le caractère qu’on lui avait dépeint pouvait attirer sa sympathie. Mais c’était encore une autre histoire, elle devait mettre ses états d’âme de côté, d’ailleurs trois coup résonnèrent, son contact était arrivé, pile à l’heure. Elle l’invita d’un «entrez » suffisamment sonore et se retrouva face à son contact. L’homme n’était pas très grand mais sa dégaine lui donnait une prestance assez impressionnante. De longs cheveux noirs encadraient son visage et ses yeux étaient cachés par des lunettes de soleil. D’un pas il se rapprocha d’elle et lui tendit une main tout en se présentant. Main qu’elle sera avant de le saluer à son tour :


-Bonsoir Monsieur Bolgarski, merci d’être venu.

Dans l’immeuble désaffecté où Julianne lui avait donné rendez vous, elle avait pu trouver une chaise qui tenait encore sur ses quatre pieds mais qui avait probablement servit de repas aux rats et s’en trouvait méchamment bancale. Elle fit donc un geste au russe pour l’invité à s’asseoir si le cœur lui en disait, sur un ton d’excuse elle précisa :


-Je n’ai pas trouvé mieux.

Elle restait debout, à fixer avec intensité le nouveau venu. Dans son dos, coincé dans son jean, elle sentait le métal de l’arme automatique qu’elle placée sous sa veste, ce contact avait quelque chose de rassurant même si elle n’avait aucune intention de s’en servir.

-Je suppose que vous savez pourquoi nous sommes là, je suppose que comme moi vous n’avez pas de temps à perdre, pas ici, pas au risque de nous faire prendre, je serais donc directe, la Cible n’a pas les moyens de payer des armes au prix fort, mais nous en avons besoin, et en grande quantité.
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Iacov Bolgarski
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyDim 19 Juin - 19:01

Iacov écoutait son interlocutrice avec attention, la dévisageant derrière ses verres fumés sans qu'elle ne puisse le voir. Il n'enlevait jamais ses lunettes lors de rendez-vous d'affaires, car avec son air impassible, son visage devenait un véritable atout qui semait le doute dans l'esprit de ses clients. Il était toujours bon de ne rien laisser transparaître, que ce soit ces soucis personnels, ces inquiétudes ou pire, un manque flagrant de confiance en soi. Dans le business, il ne fallait pas paraître faible, ne serait-ce qu'une fraction de secondes, c'était signer son arrêt de mort sinon. Depuis le temps, le Russe avait acquis l'expérience nécessaire pour faire en sorte que tout ce passe toujours au mieux. Peut-être que la jeune femme qui, comme il s'y attendait, ne s'était pas présentée, allait être mal à l'aise de ne pas pouvoir croiser son regard, mais il s'en fichait. Il n'était pas là pour contenter de quelconques états d'âme, mais bien pour parler marché et il fut content qu'elle aille droit au but. Comme elle l'avait si bien dit, ils n'avaient pas de temps à perdre, pas ici en tout cas, alors autant parler directement de ce qui les intéressait. L'homme d'affaires posa donc un regard attentif et poli sur son vis-à-vis tandis qu'il déclinait d'un geste son invitation à s'asseoir sur une chaise qui n'aurait même pas supporté le poids d'une plume. Il resterait debout, ce serait bien plus confortable et bien moins dangereux pour son coccyx.

Il avait souvent traité avec la Cible et ils avaient toujours réussi à s'arranger quand au mode de payement. Le souci qui se posait à présent, c'est qu'après la Grande Parade et les bombes qui avaient explosé, la résistance se devait de continuer et de s'engouffrer dans la brèche qu'ils venaient de créer. Pour limiter la répression sanglante qui s'annonçait, tout d'abord, ensuite pour prendre les armes et commencer enfin à passer aux choses sérieuses. Ils se devaient d'avoir des équipements en conséquence, on n'entrait pas en guerre muni d'un simple pistolet et de quelques munitions. En tout cas pas contre l'Empire de Livingstone, cela aurait été suicidaire. Le problème qui se posait, c'est qu'avec tout ce qu'ils avaient l'intention de lui commander, la facture allait monter en flèche et il n'était pas sûr qu'ils pourraient suivre. Il se mettait en danger en collaborant avec eux et il avait besoin qu'on lui fournisse des garanties sûres et si les rebelles ne pouvaient pas le payer, il ne pourrait rien faire pour eux. Il était temps de l'expliquer à la rouquine, qui devait toutefois se douter que les négociations allaient être ardues. Il prit donc la parole de sa voix grave sur un ton des plus neutres. Elle n'allait pas apprécier ce qu'il allait lui dire, mais si elle s'attendait à ce que tout leur soit servi sur un plateau d'argent, elle pouvait tout de suite s'en aller.


- Je suis conscient de l'urgence dans laquelle vous êtes. Cependant tout à un prix et bien que je partage votre point de vue et que j'aimerai voir Joane Livingstone pendre au bout d'une corde tout autant que vous, j'ai mes limites. Je ne suis pas un bon samaritain, ni une bonne poire et encore moins un laquais à votre service. Vous ne semblez pas être consciente de ce que vous me demandez. Non seulement il est risqué de faire entrer plus d'armes dans l'Empire que ce que je fais déjà, mais en plus vous les fournir est une opération délicate et coûteuse. Je me dois de payer les bonnes personnes, mes contacts aux frontières, mes hommes ainsi que mes fabricants.

Il fit une pause dans son discours et commença à déambuler dans la pièce avec lenteur, d'un pas mesuré, avant de s'arrêter devant la fenêtre à moitié condamnée et de regarder au-dehors. Tout ce qu'il voyait lui donnait une impression de grandeur décadente, de surenchère pathétique. Oui, Hegemony représentait bien son gouvernement et sa dirigeante. A la fois belle à l'extérieur, au premier coup d'œil, puis ignoble et dégoûtante lorsque l'on grattait la surface du bout de l'ongle. Il se détourna de cette vision et sortit soudain de ses brèves rêveries en reprenant la parole sur le même ton très professionnel.

- Tout a un prix Mademoiselle, vous le savez. Je suis prêt à vous aider, mais si vous n'avez pas les moyens de me payer, il va falloir trouver un arrangement. Alors nous pourrons discuter du type d'armes dont vous avez besoin et de la quantité.

Il était prêt à faire un geste car après tout, la Cible était un client presque comme un autre, mais pas tout de suite. Il devait d'abord s'assurer qu'ils étaient de bonne foi et prêt à s'arranger sans jouer aux gamins capricieux. Savoir faire des compromis était tout un art dans le monde des affaires, un art utile pour tous et surtout indispensable si l'on souhaitait obtenir quoique ce soit. Il n'avait pas réellement apprécié ce qu'elle lui avait dit, ni le ton qu'elle avait employé, comme s'il était là pour répondre au doigt et à l'œil à leurs besoins. Il fallait qu'elle se mette en tête qu'il était leur seul moyen, pour le moment, d'obtenir ce qu'ils voulaient. Bien sûr ils pourraient toujours chercher un autre revendeur, mais premièrement, ça ne se trouvait pas à tous les coins de rue et deuxièmement, il fallait encore être sûr de pouvoir lui faire confiance. Il avait l'avantage, il le savait. Il était en position de force face à son client et même s'il n'abusait jamais de cela, en tout cas pas tant qu'il sentait qu'on n'essayait pas de le rouler dans la farine en bluffant, il était toujours utile d'avoir l'avantage.
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Julianne Cherring
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyDim 26 Juin - 18:49

Julianne fixait avec attention l'homme d'affaire face à elle. D'un simple geste celui-ci déclina la chaise qui lui était présentée. Si le moment n'avait pas été si mal approprié et les circonstances aussi pressante, Julianne aurait peut-être esquissé un sourire en réponse à cette décision raisonnable de la part du russe et plaisanté sur l'état des lieux, principalement peuplé par ceux qui acceptaient de vivre dans pareil taudis, c'était à dire les rats, la vermine rampante... et parfois quelques résistants... mais le moment était loin d'être bien choisi et la rebelle n'avait rien de tout ceci en tête. Seulement le peu de temps qu'ils avaient pour négocier ainsi que les enjeux de l'accord qu'elle devait tenter de passer occupait son esprit. Elle se tenait droite, les bras croisés contre sa poitrine, alors qu'elle jaugeait placidement son interlocuteur qui avait préféré garder ses lunettes de soleil et lui cachait ainsi son regard. Outre le fait que cela pouvait passer pour de l'impolitesse, il lui en fallait plus à Julianne pour l'intimider ou la mettre mal à l'aise et la jeune femme ne se soucia guère de ne pas voir les yeux de l'homme. Peu importait la couleur, qu'il décide de les cacher pour se donner un air impassible ou bien parce qu'il était borgne, Julianne n'en avait strictement rien à faire. Elle n'était pas non plus le comble de la politesse mais ils n'étaient pas ici pour faire des manières, mais bien pour trouver un terrain d'entente.

Le silence ne s'était pas installé bien longtemps que le dénommé Iacov avait prit la parole en réponse à sa demande. Sa voix avait beau être des plus neutres, la résistante n'apprécia que très peu certaines des paroles que lui servit l'homme en noir, il lui donnait l'impression de la prendre pour une sombre idiote alors qu'il lui faisait remarquer qu'il ne faisait pas de bénévolat et qu'elle ne semblait pas comprendre tout ce que sa demande impliquait. Elle garda les réponses acerbes qu'elle aurait voulu lui lancer, pour elle, et réprima une colère montante. Pour qui les prenait-il ? La Cible savait pertinemment que se procurer des armes était loin d'être chose facile, qu'il fallait de l'argent mais à sont avis pourquoi étaient-ils là, si ce n'était pas pour parler de tout ça ? Que voulait-il la Cible était composé de personne comme elle, de personnes du peuple, pauvres, prêt à donner le vie, où voulaient-il trouver de l'argent ? Car jusqu'à preuve du contraire, il n'y avait que trop peu d'aristocrate dans le genre de Bolgarski qui acceptaient de rejoindre leurs rangs.

Elle suivit ses déplacements dans la pièce des yeux, alors qu'il avait commencer à déambuler. Elle devait se taire et garder sa haine pour elle, pour ne pas tout foutre par terre, être diplomate et raisonnable, mais elle s’écœurait de voir cet homme lui servir pareil discours. Elle savait bien que les négociations n'étaient jamais une chose simple, surtout dans l'illégalité, mais elle avait parfois du mal à contrôler ses humeurs, particulièrement lorsque son interlocuteur lui était antipathique. Plus jeune, elle aurait probablement envoyé cet homme se faire foutre, l'insultant de tous les noms, et lui faisait un discours enflammé sur sa foi en la liberté et la lâcheté des hommes comme lui, mais tout ça était bien loin maintenant, elle se contenta donc de l'écouter reprendre la parole sans une moue dégoutée sur le visage. Lui se voulait neutre en toute circonstances, Julianne elle n'avait pas peur de lui montrer que pour l'instant, il y avait encore du chemin jusqu'à ce qu'elle se montre un peu plus coopérante.

D'une voix presque disproportionnellement calme face à son humeur, elle répondit au mafieux russe :


-C'est bien un arrangement que je suis venue négocier ici avec vous. Car de l'argent, nous n'en avons pas, pas assez. Je ne suis pas naïve et je sais comment se déroule les affaires, ne croyez pas que je suis stupide au point de ne pas savoir tout cela. Cependant, de quoi voulez vous que la résistance se nourrice alors que nous tentons déjà simplement de survivre aux attaques et aux rafles perpétuelles du gouvernement. Vous n'êtes pas aveugle, vous savez quelle répression subit en ce moment le peuple. Mais l'argent... elle eut un sourire presque mauvais. Nous ne cherchons pas à nous enrichir par des magouilles quelconques et sur le dos de la dictature qui profite finalement à bien des gens.

Elle n'avait pas pu retenir un dernier « sous-entendu » que Iacov prendrait comme il le voudrait. Elle reprit alors bien rapidement :

-Mais nous avons besoin de vous pour ces armes, nous avons déjà trouvé des entendements et j'espère que cela sera encore le cas...

Elle réfléchit l'espace d'un instant avant de reprendre peut-être un peu plus calmement encore :

-Vous savez que ce n'est pas dans les intérêts de la Cible de... ne pas trouver de terrain d'entente... je ne peux pas vous faire miroité les sommes dont vous auriez besoin. Nous avons pas cet argent. Mais à la place, nous avons des hommes, de confiance évidement...

Julianne préfèrerait ne pas parler concrètement d'argent pour le moment, elle arriverait probablement à finalement avoir un dixième de la somme dont Iacov aurait besoin mais rien de plus. Tout ce qu'elle pouvait proposer c'était les meilleurs hommes de la Cible pour ses affaires, les personnes en qui elle avait le plus confiance. Elle principalement. Elle ne pouvait détacher son regard du russe pour tenter de saisir la moindre réaction à ses paroles. Mais il fallait dire qu'il maitrisait bien son jeu...
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Iacov Bolgarski
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyLun 15 Aoû - 0:58

Dire que son interlocutrice commençait sérieusement à l'irriter était un doux euphémisme pour Iacov. Des résistants, il en avait connu quelques-uns et tous avait cette insupportable suffisance qui leur faisait penser qu'ils étaient mieux que le reste du monde. Sombres crétins. Quand comprendraient-ils enfin que les nuances étaient indispensables pour réussir une guerre ? Tout n'était pas noir ou blanc, tout le monde n'était pas soit avec l'Impératrice, soit avec la Cible. Il était temps qu'ils se réveillent et sortent de cet espèce de monde manichéen qu'ils s'étaient inventé. La cause. Encore et toujours la cause et ses intérêts. Il en avait marre qu'on vienne lui rabâcher les oreilles avec ça et bien que la jeune femme y avait à peine fait allusion, cela l'agaçait déjà. Ne pas perdre de vue le but à atteindre était une chose. Ne plus être capable de voir autre chose que ce but était une grave erreur de jugement. Ils couraient à leur perte sans même le savoir s'ils continuaient à agir ainsi, sans réfléchir, sans regarder autour d'eux, sans prendre en compte les différentes possibilités qui s'offraient à eux, bien qu'elles ne soient pas totalement en adéquation avec leurs parfaits et intouchables idéaux. C'était de la connerie tout ça et il était temps qu'ils s'en rendent compte avant qu'il ne soit trop tard.

L'homme n'était décidément pas d'humeur pour se farcir ce genre d'imbécilités, ni pour une joute verbale, cependant, la dernière remarque de la résistante ferma définitivement son visage et l'énerva au plus haut point. Il n'était pas venu pour qu'on l'insulte ni qu'on remette en question ses manières de faire. Elle voulait des armes pour sa noble cause ? Elle allait devoir baisser d'un ton et faire profil bas, sans quoi il se ferait un plaisir de sortir de ce trou à rat et de rentrer chez lui. Il avait une sainte horreur qu'on lui fasse perdre son temps ou qu'on le critique sans savoir. Tout ce qu'il pensait de la Cible, il l'avait gardé pour lui jusqu'à présent, parce qu'il n'était là que pour une chose : le business. Et voilà qu'elle se permettait de venir le juger alors même qu'elle était dans une position bien trop délicate pour l'ouvrir. Elle voulait le lancer sur le sujet ? Parfait, il n'allait pas se priver après tout. Il prit donc la parole sur le ton le plus froid et le plus cassant qu'il pouvait adopter et qu'il réservait généralement à ceux qui le suppliaient à genoux de les laisser en vie. A ceux qu'il méprisait en somme.


- Je vous conseille de garder vos minables insinuations pour vous, très chère. Je ne suis pas venu ici pour un débat idéologique, alors mettons les choses au clair. Si vous êtes assez stupide pour ne pas utiliser le système qui vous oppresse afin de l'éliminer, ce n'est pas mon problème. Oui, je me fais de l'argent, beaucoup même, cependant je le fais sur le dos de l'Impératrice. Vous n'allez pas me dire que cette pensée vous arracherait une petite larme tout de même ? Je profite du système et en faisant cela, avec chaque transaction que j'effectue, chaque billets que je touche, je m'approche un peu plus de mon but qui est aussi le votre. Je suis simplement subtil, chose que vous devriez sincèrement penser à intégrer dans votre manière de faire. Apprenez donc à regarder au-delà de vos œillères pour une fois, cela vous rendra service.

Il n'était pas dans la Cible, certes, mais il travaillait chaque jour à l'anéantissement de Joane Livingstone et s'il devait souligner un fait, ce serait simplement celui que lui au moins était en vie ! Combien de rebelles étaient tombés au fil des deux dernières décennies ? Combien d'innocents également, ou de dommages collatéraux ? Certes tout ces morts n'étaient pas dû qu'à l'étroitesse d'esprit de la résistance, cependant elle y avait grandement contribué. Pendant qu'ils posaient d'inutiles bombes qui n'avaient pour effet que de les discréditer aux yeux de la population, lui épuisait puis rachetait des compagnies et des entreprises. Discrètement mais sûrement, en passant par des sociétés écrans et des hommes de paille, il arrivait à s'approprier petit à petit une part importante de marché que bientôt la tyran ne contrôlerait plus. Et sans contrôle sur l'économie, elle pourrait dire au revoir à son pouvoir. Voilà comment il fonctionnait, dans la relative légalité, agissant dans l'ombre avec discrétion en attendant que les graines qu'il avait planté portent leurs fruits. Il fallait être patient en temps de guerre et la Cible tenait plutôt du gamin capricieux qui veut tout et tout de suite.

D'ailleurs en parlant de ça, Julianne reprit bien vite la parole pour poursuivre leur petite conversation, faisant comme si son sous-entendu n'avait jamais existé. Elle lui dit ce qu'il savait déjà et sembla se calmer un peu, mais pas sûr qu'elle prenne bien le petit discours que le Russe venait de lui servir. Qu'importe, elle était rentrée dans le vif du sujet, il allait donc refermer la parenthèse idéologique pour se concentrer sur ce qui les amenait en pleine nuit dans cet immeuble miteux des bas-fonds. Il savait pertinemment que jamais la Cible ne pourrait débourser la somme nécessaire à l'importation illégale des armes qu'ils nécessiteraient. Trouver 500'000 £ Impériales, ce qui serait au moins le prix nécessaire pour qu'ils soient armés correctement, était une mission quasi impossible et s'ils obtenaient ne serait-ce que le cinquième de cette somme, il pourrait s'estimer heureux. Il fallait donc se concentrer sur un autre moyen de payement passablement répandu lorsque l'on faisait affaires avec Bolgarski : la main d'œuvre et les services. Il était toujours bon d'avoir des gens prêts à rembourser leur dette pour des missions délicates. Surtout quand ceux-ci considéraient qu'ils n'avaient plus rien à perdre. Ou qu'ils étaient particulièrement bon dans leur domaine. Quoiqu'il en soit, plus il aurait de personnes à qui il pourrait confier différentes tâches, mieux ça serait pour son business et donc pour son avancée dans la destruction de Livingstone.


- Je suis en faveur d'un arrangement impliquant certains de vos bons éléments en contrepartie de mes armes. Cependant il me faudrait la liste de vos prétentions afin de fixer un prix et donc la compensation que vous me devrez. De plus je tiens à vous dire que si le délai que vous me demandez de respecter est trop court, il y aura un supplément. Plus de risques est égal à plus de main d'œuvre et plus de dessous de table. Donc plus d'exposition pour moi et mes affaires. Je veux donc m'assurer une certaine sécurité, vous pourrez certainement le comprendre.

Son ton ne s'était pas forcément radouci depuis qu'il avait gentiment envoyé balader la jeune femme, cependant son visage s'était quelque peu décrispé. Il n'avait toujours pas bougé de devant la fenêtre et jeta un rapide coup d'œil au-dehors, comme pour s'assurer que la ville dormait toujours à ses pieds et que rien ne venait la troubler. Et surtout pas une armada de Miliciens ! Il se reconcentra ensuite bien vite sur son interlocutrice, croisant les bras sur sa poitrine, restant aussi immobile qu'une statue. Elle ne pouvait certes pas le voir, mais il la fixait avec une intensité étonnante et attendait avec patience qu'elle réponde à son offre. Maintenant il ne s'agirait plus que de ça. Des offres, des contre-offres, des arrangements, des compromis. Tout ça pour que chacun arrive à ses fins lorsqu'ils franchiraient le pas de cette pièce vieille et poussiéreuse. Tout ça pour qu'aucun n'ait le sentiment d'avoir fait le dangereux déplacement pour rien.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyJeu 18 Aoû - 0:30

Il avait fallu moins d'une seconde au russe pour que son visage ne se ferme et que son ton ne devienne des plus tranchants, laissant presque perplexe la rebelle qui n'avait pas réellement imaginé qu'il perdrait son temps à répliquer à l'insinuation qu'elle avait lancé et qui, au final, aurait pu, comme ne pas, le concerner. A croire qu'il se sentait donc visé par cette accusation... Julianne ne bougeait pas d'un millimètre, les bras toujours croisés contre sa poitrine, fixant l'homme sans sourciller alors qu'il répliquait dans une tirade glaciale. Elle l'écoutait en pinçant les lèvres à défaut de hausser un sourcil. Écœurée par le personnage qui se trouvait face à elle, la rouquine prenait soin de respirer calmement pour ne montrer en rien l'agacement profond qui s'emparait d'elle.

Pour sa part, elle n'avait eu besoin que d'une seconde pour qu'il ne lui inspire qu'un profond dégout. Elle lui aurait méchamment rit au nez si les circonstances avaient été différentes, mais ses airs supérieurs et ses manières lui donnait envie de vomir et elle n'avait pas peur de cet homme. (Sa taille n'avait d'ailleurs rien à voir là dedans). Elle défiait chaque jour le gouvernement, elle avait risqué cent fois la mort, d'autant plus la torture, elle n'avait pas peur de mourir ni de souffrir, rien ne passerait la barrière de ses lèvres. Mais cet homme, parce qu'il était de condition, que l'argent n'avait jamais été un problème, il n'imaginait même pas ce que pouvait être la vie, la vraie, lorsque l'on était confronté à la réalité de ce monde. Certes, Julianne devait reconnaître que personne ne pouvait cracher sur le fait qu'il employait peut-être ses activités aux mêmes fins que les rebelles et la résistante ne le blâmerait pas pour cela, au contraire et elle était même prête à le reconnaître, mais le fait qu'il imagine que ses méthodes était chose donnée à tout individu ne faisait que renforcer l'idée qu'elle n'était probablement pas la seule à avoir des œillères ici. Il fallait des personnes agissant comme il le faisait pour faire tomber le régime, mais cela ne lui donnait en aucun cas le droit de mépriser ceux qui n'avait que leur vie à donner pour tenter de faire bouger les choses et ces hommes, et ces femmes, étaient d'autant plus louable pour le don d'eux même.

Mais Julianne se devait de jouer l’indifférence en ce moment critique. Ce qu'elle avait pu entre-apercevoir du caractère de son interlocuteur lui suffisait amplement pour se faire son opinion sur le ruskov. Elle n'était pas là pour s'attirer sa sympathie et n'avait pas besoin de l'estimer pour négocier avec lui le prix de ces armes. Son accès de susceptibilité passé, l'homme d'affaire clôtura la parenthèse et Juls' ne répondit rien qui aurait pu relancer un débat sans fin. Il semblait admit qu'aucun des deux ne serait prêt à reconnaître quoi que ce soit, même s'il était probable que ni l'un ni l'autre ne soit véritablement dans le juste. L'un comme l'autre était bien trop buté pour voir que cette haine qu'ils contribuaient à entretenir ne serait qu'un poison favorable à la dictature.
Alors, tout comme la rebelle, Bolgarski fit comme si rien de tout cela ne s'était passé et la conversation se recentra rapidement sur les raisons qui les avaient conduits jusqu'ici. Julianne tentait pour sa part de mettre de côté tout ce qu'elle pouvait reprocher à l'homme et de rester parfaitement neutre lorsqu'il s'agissait des affaires de la Cible. Ses idéaux étaient une chose, l'acquisition d'armes pour les hommes de la rébellion en était une autre. Étrangement à cet instant même, une pensée alla à Evan, dans un pincement au cœur inexplicable. Elle l'imaginait à sa place, ici dans cette immeuble minable, en négociation avec le ruskov. Elle savait pertinemment qu'il n'aurait pas non plus aimé ce que l'homme lui avait dit mais il aurait profondément prit sur lui et se serait concentrer sur l'essentiel. Le cadet des Kane lui reprochait parfois de s'enflammer facilement et pour une fois, la rouquine l'écouterait et resterait parfaitement calme.

Premier bon point de ce rendez-vous, Bolgarski semblait approuver un échange de bon procédé qui consisterait en une mise à disposition d'hommes qualifiés et de confiance en échange de l'armement dont il avait besoin. Il rappela que si les délais étaient trop courts, il faudrait se plier à d'autres conditions, mais Julianne, consciente de ce qu'ils demandaient hocha doucement la tête sans en dire plus. Il lui avait alors demandé une liste de l'arsenal qu'ils comptaient acquérir et la jeune femme se contenta de sortir de sa poche un stylo ainsi qu'un bout de papier. De tête, elle se mis à noter une suite de mots et de chiffres qu'elle avait retenu par coeur et il ne lui fallu que quelques secondes pour coucher l'ensemble sur le papier. D'un ton placide, et alors qu'elle lui tendait ledit feuillet, elle lui répondit :


-Le temps dont vous aurez besoin sera probablement le notre...

Elle lui avait déjà fait comprendre que la Cible en avait besoin assez rapidement et en signe de bonne volonté, elle ne s'évertua pas à le lui rappeler et même de lui laisser gérer le temps qui lui serait nécessaire comme il l'entendait. Il était loin d'être stupide et si ça réputation n'était pas monté de toute pièce, il ferait de son mieux pour leur livrer la marchandise dans les délais les plus courts. Maintenant, c'était à lui de juger ce qu'il estimait avoir besoin en compensation, mais qu'il ne se méprenne pas, chaque rebelle était pour la résistance une pièce clé et Julianne veillerait à ce qu'aucune des affaires du russe ne leur soit dangereuse. Si elle était garante de l'intégrité de chacun de ses homme, il était également clair qu'elle ne ferait prendre de risque, et surtout inutilement, à personne. Bolgarski devrait le comprendre auquel cas, les choses risqueraient encore une fois de ce compliquer.
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Iacov Bolgarski
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyLun 13 Fév - 20:41

L'homme ne put que constater les efforts déployés par son interlocutrice afin de contenir les répliques cinglantes qui lui brûlaient les lèvres. Un peu plus et cela lui arrachait un sourire, mais il n'avait pas l'intention de trahir ses pensées et il resta stoïque. C'était comme un jeu entre ces deux fortes têtes, chacun tentant de ne pas plier face à l'autre, de se cacher derrière une attitude neutre. C'était le genre de situation qui pouvait très rapidement devenir problématique et bloquer une transaction. Mais Iacov était patient et dans le cas présent, ce n'était pas lui qui avait besoin d'aide. La résistante sembla se le rappeler et ne continua pas sur la conversation stérile de leurs différences d'opinion. Il en était venu au fait et elle s'apprêtait à faire exactement la même chose alors qu'elle écrivait sur un morceau de papier les prétentions de la Cible. Il tendit un bras pour l'attraper et y jeta un rapide coup d'œil. S'il avait été un homme de main dans un vieux film de gangster du siècle passé, il aurait très certainement poussé un long sifflement et levé les sourcils d'un air surpris, car ce n'était pas des armes qu'ils demandaient, mais un véritable arsenal de guerre ! Il ne broncha pourtant pas et calcula rapidement dans sa tête le coût que pourrait avoir une telle livraison. Cela dépassait même le prix qu'il avait estimé auparavant et si les délais étaient raccourci, la somme risquait bien de doubler au minimum.

Il écouta attentivement la jeune femme qui parut ne pas vouloir d'un excédent de frais et était apparemment prête à attendre le temps qu'il faudrait. Heureusement pour elle, Bolgarski savait contenter ses clients et il n'hésitait pas à faire en sorte que tous les délais soient respectés. Il y mettait un point d'honneur et il n'aurait jamais toléré le moindre retard injustifié. Presque tout pouvait se résoudre à coup de gros billets ou d'intimidation, il le savait depuis toutes ces années. Enfin, presque tout... Il n'était pas non plus un faiseur de miracles et il y avait des choses contre lesquelles il ne pouvait se battre. S'il fallait trois jours de voyage à un convoi pour acheminer de la marchandise d'un point A à un point B, il voyait mal comment il pourrait être possible de changer ce paramètre. Tout en restant sous les radars, cela va s'en dire. Il fallait parfois savoir être patient pour ne pas se faire attraper et ce n'était pas pour rien que le Russe avait prospéré sans se faire inquiéter au cours des dernières années. Il connaissait la réalité qui l'entourait et tirait parti des inconvénients et autres dérangements qui pouvaient surgir. Il scruta encore quelques secondes la résistante à travers ses lunettes, ne sachant si elle réalisait la chance qu'elle avait, avant d'entamer son discours d'une voix rapide et décidée. Quand il parlait business, il n'y avait jamais de mots superflus, uniquement l'essentiel.


- Vu le nombre et la variété d'armes nécessaires, je dirais qu'il me faudra au minimum un mois pour tout réunir. J'ai déjà certaines pièces en stock que je peux vous fournir si vous le souhaitez. Cela vous permettrait d'avoir de quoi vous armer tout de suite tout en écoulant discrètement le stock, car cela va s'en dire, il est hors de question de tout vous livrer d'un coup. Ce serait trop dangereux autant pour vous que pour nous, mais ce ne sont que des détails que nous pourrons régler par la suite.

Il venait de faire preuve de bonne volonté et avait amorcé un pas vers elle. Si Julianne n'était pas idiote, elle comprendrait la chance qu'elle venait d'avoir, car l'homme d'affaires n'était pas aussi magnanime avec tous ses clients, loin de là. Le délai qu'il lui avait proposé pour avoir la totalité des armes était le maximum qu'il pouvait faire avec ses stocks et ses fournisseurs. Ca allait lui coûter une véritable petite fortune et il avait plutôt intérêt à s'y mettre dès qu'il l'aurait quittée s'il voulait respecter sa parole. Un silence de plomb s'infiltra entre eux alors qu'il réfléchissait à un compromis sur le mode de payement qui pourrait satisfaire les deux partis. Il était habitué à ce genre d'arrangement et fit part à la jeune femme de ses....... prétentions salariale !

- Le prix avoisinerait à vue d'œil un nombre à sept chiffres. C'est une somme colossale, j'en suis conscient. Je vous propose donc de réunir le maximum que vous pourrez,cinq pour cent de la somme me semble un prix raisonnable. Pour le reste de la dette, vous devrez me fournir des hommes de confiance, entraînés et habitués aux missions sur le terrain. Rien de bien compliqué, même s'il existe toujours un risque. Vos hommes m'aideront, dans la mesure du possible, jusqu'à ce que j'aie amassé l'argent que vous me devez.

Il lui laissa quelques secondes pour assimiler son offre avant de lui demander d'une voix un peu plus chaleureuse qu'auparavant, bien que toujours froide et terriblement déterminée.

- Marché conclu ?

Il ne lui laissait pas grand choix de toute façon, il en était conscient. Cependant il n'était pas fermé à la discussion, malgré ce que pouvaient faire croire les apparences. Mais ce n'étaient que de simples apparences, trompeuses et sur lesquelles il ne fallait jamais se baser. L'instinct et les faits, voilà ce qui guidait la vie de Bolgarski et il sentait que Julianne n'irait pas chercher la petit bête dans cet accord. Il y avait tout pour arranger la Cible et l'homme n'était pas un inconscient. Il prenait toujours soin d'assurer au maximum la sécurité de ses hommes, il n'en serait pas différemment concernant les rebelles qui pourraient intervenir à leurs côtés. Le moins de perte il essuyait, le mieux il se portait. La jeune femme allait-elle deviner tout cela derrière ce visage impassible et inexpressif qui ne laissait rien voir, un peu comme ses lunettes aux verres fumés.


Dernière édition par Iacov Bolgarski le Mer 2 Jan - 21:15, édité 1 fois
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Julianne Cherring
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptySam 22 Sep - 10:22

Une fois la discussion recentrée sur le seul vrai sujet qui, au final, importait vraiment pour le moment aux deux parties en présence, les tensions n'avaient certes pas disparues et la rebelle n'en appréciait toujours pas plus la compagnie du ruse, mais néanmoins, les humeurs semblaient être retombées pour laisser place à l'essentiel et faire émerger les vrais questions. Ces questions n'était pas moins que les clauses du marcher qu'ils étaient (peut-être) en train de conclure.

Peu après avoir tendu le papier qui relatait les besoins en armement de la rébellion, Juls' s'était comme immédiatement refermée. Son visage pâle entouré de sa chevelure flamboyante était placide, les lèvres légèrement pincées, son regard bien que neutre gardait cette lueur de défiance inhérente à son caractère. Les bras en croix refermait sa position statique et bien campée sur ces appuis tout dans son attitude révélait sa détermination mais aussi, un peu, son entêtement.

Le silence avait alors pris le temps de s'installer tandis que l'homme d'affaire détaillait les chiffes retranscrit sur le misérable bout de papier ; A n'en pas douter, il évaluait déjà dans son esprit les coûts, l'organisation ainsi que le temps qu'il lui faudrait pour répondre à cette demande, qui, il fallait le reconnaître, n'était pas une simple bagatelle. La Cible devait faire face à la répression qui s'annoncait et s'armer était devenu une priorité pour la rébellion.
Lorsque l'homme rompit le silence qui était tombé sur le lieu, sa voix posée et précise énonça les conditions qu'il posait à la future transaction. La jeune femme savait pertinemment qu'un mois pour réunir ce dont elle faisait la demande était à la fois un délais très court et très long, dans le sens où elle était parfaitement consciente qu'il relèverait presque de l'exploit de faire cette livraison à temps, comme elle savait que la Cible n'avait pas un moins, loin de là, pour se préparer et affronter la répressions qui allait tomber comme un couperet d'un jour à l'autre maintenant, et qu'elle ne ferait pas de quartier.

La rouquine se contenta alors de hocher la tête en signe de compréhension et d'acceptation. Il proposait de livrer dans un premier temps ce qu'il avait déjà sous la main, ce qui était absolument non négligeable pour les rebelles. Pour ce qui était du reste de la marchandise, la discrétion serait de mise, la question ne se posait pas. Encore une fois, Julianne hocha placidement du chef. Pour ce qui était du prix, c'était une autre histoire...

Avoisinant le million, une somme pareille serait totalement impossible à rassembler (depuis que la Cible n'était pas une association de quartier à laquelle les membres versaient une cotisation d'adhésion...) Mais le ruskov n'était pas stupide – même si Julianne, tout en le sachant, aimait à l'imaginer – et proposait déjà une autre façon de se faire payer.
Lorsqu'il y fini, Julianne prit quelques seconde non pas pour réfléchir à la proposition de Bolgarski, car il était clair qu'elle avait tout intérêt à accepter le marché, mais davantage pour se projeter.
Quelques secondes plus tard donc, elle décroisait ses bras pour tendre une mains, certes peu chaleureuse et amicale, au russe qui concluerait leur accord.


-Marché conclus. Je vous fais confiance pour tenir parole, faites nous confiance pour réunir la somme et vous fournier des hommes de qualité.

La rebelle fit alors volte face sans vraiment prévenir afin d'aller chercher quelque chose dans l'ombre de la pièce. Elle revint face à Iacov, un attaché-caisse noir à la main. Au diable les clichés, elle l'avait ouverte avant de lui présenter son contenu. A l'intérieur, les couleurs ternes des Livres Impériales.

-Voyez-le comme un acompte... pour les armes que vous avez déjà et dont nous aurions besoin au plus vite.

A peine une centaine de millier de livres étaient entreposées en grosse coupure dans la valise.
N'ayant plus rien à dire, Julianne considérait cet entretien comme terminé. Il n'y avait aucun intérêt à prolonger plus longtemps une conversation à son terme ni à se mettre en danger en restant trop longtemps dans ce bâtiment en ruine.
Déposant la valise aux pieds de Iacov, elle se permit un :


-A très bientôt.

Avant de tourner une nouvelle fois et talons et de quitter la pièce pour disparaître dans l'immeuble et les ténèbres.
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Iacov Bolgarski
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MessageSujet: Re: Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS]   Rendez-vous d'affaires [05 Mars 2100 - CLOS] EmptyMer 2 Jan - 22:08

Iacov ne s'était pas trompé en jugeant que son interlocutrice ne pouvait décemment pas refuser une telle offre. Elle acquiesça à ses propos et il n'eut pas besoin de plus pour savoir que le marché était conclu. Il serra la main que la jeune femme lui tendait avec poigne, la dévisageant à travers ses lunettes d'un regard scrutateur. Toute la volonté et le caractère de son vis-à-vis transparaissait en cet instant, elle était forte et paraissait inébranlable dans ses convictions. C'était une chose qu'il admirait en règle générale, mais leur petit échange de toute à l'heure l'avait passablement agacé. Il y avait une différence entre se donner corps et âme pour une cause et devenir un fanatique qui ne croit qu'en sa propre vérité. La frontière était ténue et il soupçonnait grandement Julianne de l'avoir franchie déjà plus d'une fois. Se dévouer était une chose, mais il ne fallait pas perdre de vue qu'il existait d'autres moyens de résister, d'autres moyens de se rebeller et que tous, à leur échelle, avaient leur importance. S'ils ne s'étaient pas enrichis lui et sa famille sur le dos de Joane Livingstone durant toutes ces années, jamais il n'aurait pu aider la Cible à se sortir de la situation particulièrement délicate dans laquelle elle se trouvait actuellement. La résistance devrait arrêter de jouer les hypocrites et les fines bouches et accepter toute l'aide qu'elle pouvait obtenir, même si les points de vue divergeaient. Avoir un but commun, voilà la chose réellement importante à laquelle ils devaient faire attention avant tout. C'était ce qui importait, le reste n'était que détails. Tout comme les modalités de payement dont l'aristocrate ne souhaitait pas discuter immédiatement, cela viendrait dans un second temps. Il devait surtout sortir de cet immeuble le plus rapidement possible avant que cela ne devienne dangereux.

Il lâcha la main de la rebelle et la laissa lui apporter une mallette remplie de billets usés qu'il connaissait bien. Ce n'était pas grand chose, au vu de la somme qu'il devait recevoir s'entend, mais c'était un début et il appréciait le geste de bonne volonté. Oubliant que ce qu'il tenait entre les mains aurait permis à plusieurs familles de vivre confortablement durant quelques temps, il referma soigneusement l'attachée-case et releva les yeux juste à temps pour voir la chevelure rousse s'échapper par la porte miteuse après un bref salut. Elle semblait passablement pressée de le quitter et bien qu'il n'ait pas particulièrement envie de rester à croupir dans ce bâtiment en ruines lui non plus, il préférait emboîter le pas à Julianne avec quelques minutes d'écart. Histoire d'être prudent et de ne pas se faire prendre en compagnie d'une femme considérée comme une terroriste et une traître à la nation. Il se mit donc à faire le tour de la pièce avec lenteur, attentif aux bruits de la rue en contre-bas, soulevant de petits nuages de poussière à chaque effleurement du sol par la semelle de ses chaussures. Tout semblait parfaitement calme et il ne vit pas la jeune femme se faire embarquer, pas plus qu'il n'entendis de cris ou qu'il entre-aperçut une patrouille d'Hommes en Rouge. Il était temps d'y aller et après un rapide coup d'œil à sa montre qui lui assurait qu'il avait attendu assez de temps, il s'engouffra dans l'obscurité de la cage d'escalier.

Il n'eut aucun soucis pour rejoindre sa voiture, pas plus qu'il n'en eut pour rejoindre son appartement. Un simple contrôle à un barrage, une routine pour qui avait un laisser-passer, bien qu'il était tout de même souhaitable d'avoir une excuse satisfaisante au vu de l'heure tardive. Tout se passa sans encombres pour le businessman et il s'assura simplement de temps à autre qu'il n'était pas suivi jusqu'à ce que sa voiture de course s'engouffre dans le parking désert de son immeuble. L'ascenseur monta les étages avec une lenteur exaspérante, mais il attendit tout de même d'être chez lui à l'abri des oreilles indiscrètes pour commencer à passer de nombreux coups de téléphone afin de coordonner l'une des plus grosses commandes qu'il ait jamais eut. En tous les cas, dans des délais aussi courts. Ce qui demandait bien évidemment une logistique et une organisation impeccables et sans accroches. Il y avait tellement d'acteurs en jeu lors de ce genre de transaction que Bolgarski savait pertinemment qu'une nuit blanche l'attendait dès à présent. Il se servit donc une large tasse de café noir relevé d'un brin de whisky et prit quelques profondes inspirations avant de réveiller la moitié de ses connaissances hauts placées. Il espérait simplement qu'il trouverait les bons arguments et les sommes adaptées pour chacun des intervenants et que personne, pas même le plus insignifiant des hommes de main, ne se doute que toute cette grosse machine était mise en route pour le profit de la Cible. Il y avait une différence entre magouiller et trahir et certains de ses contacts n'étaient peut-être pas prêts à risquer le peloton d'exécution.
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