Petite réunion improvisée [Mi Février 2100] - CLÔT

*** Premier Post ***

Le soleil se couchait déjà lorsqu'Evan releva enfin sa tête qu'il tenait entre ses mains et se frotta les yeux avec force pour se réveiller un peu. Il avait passé la journée à écrire, faire des tracts et tenter d'organiser l'action de La Cible prévue pour le mois qui venait. Il était désormais seul dans les bureaux du QG, tous les autres ayant préférés partir avant la nuit. On ne savait jamais si les sbires de la Cinglée traînaient dans le coin... Mais lui, il s'en fichait un peu (beaucoup?) et tant qu'il y avait du travail à faire, il restait fidèle au poste. Il n'avait pas de famille qui l'attendait avec angoisse à la maison comme pour la plupart de ses "collègues". Il pouvait se permettre de mettre sa vie en danger, considérant qu'il n'avait rien à perdre. Et puis, il y avait toujours les gardiens qui le préviendraient au moindre mouvement suspect.

Il se leva et s'étira longuement de tout son long, puis s'approcha de la fenêtre partiellement condamnée et regarda longuement l'ombre s'installer sur la ville. Des sentiments contradictoire mêlés d'haine et d'amour l'envahirent bientôt. Qu'est-ce qu'il pouvait détester ce qu'il voyait sous ses yeux! Les HLM qui l'entouraient de toutes parts, loin à l'horizon, les buildings du centre-ville qui dominaient le reste, les mendiants qui parcouraient les ruelles sombres afin de fouiller les poubelles pour trouver de quoi se nourrir, les bruits des sirènes au loin qui annonçaient une fois de plus qu'une personne allait perdre sa liberté, si ce n'était sa vie. Mais malgré tout, il aimait son pays, et c'est bien pour ça qu'il était dans cet immeuble, à cet instant, en train de contempler ce que l'Impératrice avait fait de leur vie.

Evan s'attarda encore quelques instants à la fenêtre avant de se tourner et de rejoindre son bureau. Il alluma sa lampe et se rassit, puis, pris d'une soudaine inspiration, il se saisit d'une feuille de papier et d'un crayon. Il commença à esquisser une ville étrange où l'on voyait des racines informes et laides sous les immeubles, un ciel sombre et orageux au-dessus, une pluie fine qui éteignait un feu et qui se mêlait au larmes d'un personnage androgyne au premier plan. Les yeux grands ouverts, exhorbités, avaient une expression de terreur tandis qu'un sourire se dessinait sur son visage. Un sourire hystérique.

Evan dessinait frénétiquement, sans réfléchir, en faisant compélètement abstraction de ce qui l'entourait.

- First Post -

Si Julianne n'habitait pas le QG de la résistance... c'était tout comme. C'était bien simple, elle y passait ça vie, quand elle n'était pas en train de poser une bombe quelque part... Elle préférait lorsque l'endroit désert plutôt que lorsqu’il s’agissait d’une fourmilière incessante de passage la journée.

Elle revenait d'avoir fait un petit tour, prenant le temps d’aller voir les gars qui avait pris leurs fonctions de gardes du QG pour la nuit. Elle avait bavardé un peu avec eux pour leur donnée les dernières instructions et puis pour prendre des nouvelles de chacun, de leur famille etc. qu'elle connaissait comme s’il avait tous été membres de sa propre famille...

Elle était donc retournée dans la pièce principale où elle pensait aller s'allonger un peu sur un vieux sofa défoncés, défraichis, mais tellement confortable lorsque l'on est exténué.

Le truc c'est qu'elle n'avait pas prévu qu'il y aurait quelqu'un d'autre... Il s'agissait, à le voir de dos ,d'Evan, qui, il semblait, était faire une des choses qu'il savait faire le mieux : dessiner. Il était indéniablement bourré de talent. Ce qui est très appréciable comme qualité, pas seulement pour les tracts ou les fly d'ailleurs.

Julianne le connaissait évidement comme toute les autres personnes qui appartenait à la Cible mais beaucoup plus qu’un autre membre disons ‘normal’ et pas seulement parce que lui aussi restait généralement plus tard. On pouvait considérer qu’il était plutôt proche amicalement parlant, chacun connaissant le caractère de l’autre, et le caractère d’Evan, c’était bien connu, était loin d’être simple. Mais c’est probablement pour cela qu’elle le trouvait intéressant et qu’elle l’appréciait, parce qu’il l’intriguait un peu.

Elle fit du bruit exprès pour être sur que l'homme avait sentit sa présence avant qu’elle ne s'approche de lui. Elle se pencha par dessus son épaule pour voir se qu'il dessinait et comme toujours elle fut surprise, agréablement surprise de se voir toujours émerveiller par ce qu'il faisait. Elle lança alors la conversation :

-Encore là à cette heure ? Question banale mais qui permettait généralement de savoir pourquoi quelqu'un restait alors qu'il pouvait rentrer chez lui et retrouver les siens.

Evan n'entendit pas Julianne arriver avant que celle-ci ne se manifeste. Il ne releva pas la tête tout de suite mais continua de dessiner tandis qu'elle se penchait par-dessus son épaule pour jeter un coup d'oeil à son travail. Après avoir apporté les dernières finitons, il posa enfin son crayon, l'air satisfait. Il se tourna alors vers elle, un grand sourire aux lèvres. Il appréciait beaucoup cette femme et elle était l'une des rares personnes qui pouvait se dire proche de lui et en qui il avait une totale confiance. Avec ses tendances paranoïaques, c'était un véritable exploit! Il l'admirait pour son courage et sa détermination dans lesquels il se retrouvait totalement et qui le motivaient. Des gens comme eux qui n'avaient peur de rien et qui se battaient sans relâche, c'était ce qu'il aimait voir autour de lui.

Il se leva doucement et la fixa de son regard d'un bleu pénétrant, un sourire étrange toujours accroché sur ses lèvres.

- Et toi, c'est à cette heure-ci que tu débarques? Aucuns reproches dans sa phrase, bien au contraire. Il était le premier à comprendre le fait qu'un peu de calme faisait un bien fou. Il la taquinait tout simplement. Il lui répondit donc avec un ton amusé dans sa voix. Tu sais très bien que je n'ai rien de spécial à faire chez moi, alors autant rester un peu plus longtemps pour finir le job. Et puis, tant qu'il y a de quoi dessiner, je reste n'importe où.

Effectivement, tant qu'il pouvais s'adonner à son art ou contribuer à la résistance, il le faisait, peu impore l'endroit. Il dessinait et écrivait dès qu'il le pouvait, et pas seulement pour le JLC. C'était tout simplement sa vie, son oxygène, un besoin vital dont il ne pouvait se défaire. C'était quelque chose d'inné chez lui et rien ne pouvait le réprimer, même pas le fait qu'une troupe de la Milice pouvait l'arrêter à tout instant alors qu'il travaillait un crayon à la main. Cette Epée de Damoclès au-dessus de sa tête ne lui faisait pas peur mais le poussait au contraire à repousser toujours plus loin les limites.

Julianne se contenta de sourire à sa première remarque alors qu'il confirma ensuite sa pensée sur sa présence ici. Elle lui sourit encore un peu plus laissant découvrir un peu plus ses dents blanches. Il y avait vraiment quelque chose chez se personnage qui l’avait décidément toujours intrigué. Si beaucoup le considérait comme un marginal elle préférait le voir comme il était : artiste, amoureux des libertés et assez fou pour mener un combat violent et sans merci au régime... presque aussi déterminé qu’elle et ça devait être sans doute être une cause de leur rapprochement. Elle ajouta, sachant d’avance la réponse au fond d’elle :

-Tu préfères rester au calme pour dessiner ou je peux rester ? Alors qu’elle commençait déjà à déplacer une chaise pour s’asseoir face à la table bancale.

Ses yeux ne quittèrent pas pendant plusieurs secondes le dessin d’Evan, sans chercher à cacher son admiration, l’homme savait d’ailleurs qu’elle appréciait ce qu’il faisait et depuis les nombreuses fois ou elle avait pu le voir exercer son art, il ne devait surement plus se surprendre de son air émerveiller.

Après avoir été vérifier la rue en bas par la fenêtre, ou plutôt par ce qu’on pouvait en voir, elle vint s’asseoir sur la chaise qu’elle avait tiré, avec un petit soupire de soulagement. Elle était exténuée il fallait dire, avec une journée bien remplis, entre tract à faire, personne à joindre, les plans qu’ils avaient pour la fin du mois ne lui facilitait pas la tâche et l’exaltation n’était que plus forte, le nombre de gens de passage pour prendre leurs ordres aussi, les risques de faire découvrir leur planque, multipliés.

- Je sort probablement ce soir... finit-elle alors par dire. Ils savaient tout les deux ce que ça voulait dire. Couvre-feu, miliciens en patrouille et taggage d’affiches pour montrer à population que les résistants de la Cible étaient toujours là.

Evan lui sourit alors qu'elle approchait une chaise de sa table. Bien sûr qu'elle pouvait rester, il n'était jamais gêné d'avoir des gens autour, il faisait totalement abstraction. Lorsqu'il dessinait, il entrait presque dans une sorte de transe que rien ne pouvait arrêter avant qu'il ait fini. Et puis c'était toujours flatteur d'avoir à côté de soi une personne qui appréciait son travail. L'expression d'admiration que Julianne affichait ne pouvait que lui faire plaisir, bien que cela l'amusait aussi beaucoup. Elle avait soudain l'air d'une petite fille émerveillée. Il planta son regard dans le sien et lui répondit d'une voix de conspirateur.

- Tu sais très bien que tu ne me déranges jamais Ju. Et puis de toute façon, j'ai fini.

Il lui tendit le dessin qu'elle continuait à regarder et lui fit un clin d'oeil avant de la regarder se diriger vers la fenêtre et revenir tandis que lui-même allait s'affaler sur un fauteuil. Il sortit un paquet de cigarettes de l'une de ses poches et en retira une calmement. Il l'alluma et prit une longue bouffée en fermant les yeux. Ce que ça pouvait faire du bien! Il poussa un petit soupir en se passant une main dans les cheveux, les décoiffant encore un peu plus, le regard perdu dans le vide, puis il reconcentra son attention sur sa collègue. Dès qu'elle eut fini sa phrase, son regard pétilla. Pour le coup, c'était lui qui devait ressembler à un vrai môme! Il adorait ses sorties nocturnes, braver l'interdit, échapper à la Milice, parfois de justesse. Le fait de pouvoir narguer ainsi le pouvoir juste sous son nez avait quelque chose d'exaltant.

- Serait-ce une invitation? Il lui jeta un regard malicieux avant de poursuivre. Si c'est le cas, tu as trouvé le bon argument pour me convaincre! Je viens avec toi.

Il tira à nouveau sur sa cigarette et tendit le bras pour prendre un cendrier situé sur une table basse. Il le posa sur ses genoux et fit doucement tomber les cendres dedans, le regard toujours fixé sur Julianne.

Il lui offra le loisir de mieux apprécier son dessin (bon bah si j'ai pas le droit de le manger ^^') puis elle le regarda allumer une cigarette avec un air réprobateur, il savait ce qu’elle pensait de cette merde de ne s’empêcha pas de lui faire, encore une fois, remarquer. Peu importe son opinion, peu importe sa réaction, elle tenait à lui et trouvait vraiment con qu’il puisse, alors qu’il risquait sa vie tout les jours, mourir d’un truc aussi con qu’un cancer :

-Tu devrais penser à arrêter tu sais... évidement elle ne disait pas ça dans l’optique de le convaincre parce qu’il ne l’écouterait surement pas, c’était surement plus pour ce dire que s’il venait à en mourir elle ne pourrait pas s’en vouloir de ne pas lui avoir assez dit...

Alors il réagit au quart de tour lorsqu’elle lui parla de ses projets... pas besoin de le supplier ni de laisser trainer de sous-entendu, il était déjà partant. Le danger lui plaisait, indéniablement, mais Julianne n’aimait pas leur faire prendre de risque, du moins quand elle le jugeait inutile. Lui en revanche aimait repousser les limites, plus encore que de braver les interdits, elle le pensait même capable de faire quelque chose de complètement stupide pour aller toujours plus prés du danger...

- Tu sais que je n’aime pas emmener d’autre personne avec moi, seul on a moins de chance de se faire prendre...

La non plus elle ne doutait pas qu’il s’en foutait royalement, en plus ils l’avaient déjà fait. Mais Julianne disait ça pour sa conscience, qu’elle n’avait toujours pas perdue malgré tout ce qu’elle avait fait et tout ce qu’elle faisait.
C’est pour ça que sans vouloir attendre de riposte d’Evan elle reprit :

-Bon on partira d’ici trois heures environs, que la nuit soit bien tombée, le couvre feu aura bien commencé, les rondes seront calées. Ca nous laisse le temps de préparer le matériel... et pourquoi pas de faire la cosette...

Et par cosette Julianne n’entendait évidement pas parler de la pluie et du beau temps, mais bien échafauder des plans de rébellion.
Julianne détourna un peu le regard de celui de son intérlocuteur, pour regarder une tâche étrange sur la table, plus les yeux dans le vague qu'autre chose. Elle cojitait déjà.

Evan ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel tout en ayant un petit rire alors qu'elle lui faisait une énième remarque sur le fait qu'il fumait. Il la regarda avec un air indulgent, comme si elle essayait de comprendre quelque chose qu'elle ne pouvait pas saisir. Il savait pertinemment qu'elle l'embêtait avec ça car, quelque part, elle tenait à lui, et cela le touchait. Mais tout deux savaient également que ce n'étaient pas ses remarques qui allaient y changer grand chose. C'est qu'il était têtu Evan! Et puis il risquait sa vie tous les jours, et pouvait se faire prendre à chaque instant, alors pourquoi ne pas profiter tant qu'il était libre?

Il ne fit cependant aucune remarque et se tut, regardant sa collègue un petit sourire en coin sur les lèvres. Julianne enchaîna alors directement, ne lui laissant aucune chance de protester. Mais il savait, et la confirmation vint assez rapidement, qu'elle ne le laisserait pas en arrière. Même si elle l'aurait voulu, il l'aurait suivi pour sa campagne d'affichage nocturne de toutes les manières, alors autant qu'ils s'organisent ensemble. Et puis comme elle le fit remarquer, cela leur permettrait de mettre 2-3 choses au point pour leurs futures actions contre le gouvernement. Evan pensait qu'il était toujours intéressant de travailler avec Julianne qui regorgeait d'idées et leurs entretiens étaient animés et fructueux la majeure partie du temps.

Il tira une dernière bouffée de sa cigarette et l'écrasa dans le cendrier qu'il reposa sur la petite table basse. Il se leva et alla rejoindre Julianne qui était complètement perdue dans ses pensées. Il lui posa délicatement une main sur sa tête, caressant ses cheveux, et lui plaqua un baiser sur le front avant de se reculer, tout sourire, sa main n'ayant pas bougée.

- Merci de te faire du soucis pour ma santé Ju, mais je suis un grand garçon maintenant.

C'était, il fallait le noter, un geste qui n'était pas tellement coutumier d'Evan et qu'il faisait très rarement. Il fallait qu'il ait une grande affection pour la personne concernée.. Il lui fit un clin d'oeil et alla se rasseoir dans son fauteuil après avoir pris dans ses mains un bloc de feuilles et un crayon. Il se posa tranquillement et sortit une nouvelle cigarette qu'il alluma tout en regardant Julianne d'un air interrogateur.

- Tu me rejoins ou tu préfères passer trois heures sur cette chaise inconfortable?

Non parce que s'ils devaient crier à travers la pièce pour se parler, la Milice aurait tôt fait de trouver le QG et d'arrêter tout le monde!

Julianne se contenta de sourire avec affection au geste qu’elle savait exceptionnel pour Evan, qui se laissait rarement aller à ce genre de sentiment. Elle ne pu retenir un rire franc lorsqu’il lui affirmait qu’il était un grand garçon maintenant, pas qu’elle en doutait mais sa témérité faisait rarement penser à quelqu’un de censé encore moins à quelqu’un de sage et réfléchi.

Alors que l’homme rejoignait un fauteuil et allumait, miséricorde ! une autre cigarette il lui proposa un peu narquoisement de venir le rejoindre. Elle sortit de ses pensées et se leva de sa chaise tout en le regardant, toujours son petit sourire, à la fois un peu narquois mais rempli d’affection, aux lèvres.

Elle vérifia de nouveau par la fenêtre, ce qui devenait presque un toc chez elle, mais on n’était jamais trop prudent. Puis elle vint s’asseoir aux côtés d’Evan dans un soupire à la fois de contentement mais aussi d’agacement, impatiente d'avoir à attendre pour agir...

Droite dans son fauteuil elle n’en était pas moins décontracté, enfin si cela était possible bien évidement puisque lorsque l’on vivait comme eux, Evan et elle et quelques autres résistants, il est très rare d’être décontracté alors qu’à tout moment on pouvait être prit. Julianne se demanda même depuis combien de temps elle n’avait pas fait une nuit sans se réveiller une bonne demi-douzaine de fois pour écouter les bruits de la nuit et vérifier que son arme était à porté de main, bien qu’elle se doutait que si un commando d’homme venait l’arrêté, l’arme ne servirait pas à se défendre entendons nous bien.

-Il faut récupérer les plans des ordres d’emplacement de leur force armée... finit-elle par dire sur une voix posée, après un long silence. Evan savait cela, s’ils voulaient tout faire sauter dans un mois il faudrait trouver les endroits où placer leurs bombes et ou éviter les militaires qui serait à coup sûr mobilisés pour l’évènement, mais elle le précisa comme pour lancer la conversation et leurs plans.

Et puis comme à chaque fois qu’ils commençaient à parler ‘attentat’ et que le jeune homme fumait devant elle, elle prenait sa cigarette, la regardait longuement, hésitait à l’écraser sur le cendrier et finalement en tirait une bouffée. Elle toussait alors, les yeux larmoyants et lui rendait en riant, se disant que décidemment c’était vraiment infecte ! Mais allez savoir pourquoi c’était une sorte de rituel, maintenant elle se sentait prête à faire ce qu’elle faisait de mieux, préparer la libération de l’Empire.

-Tu les as eu où celles-là ? Demanda-t-elle en désignant sa clope. Puisqu'évidement on ne trouvait plus de tabac comme on voulait dans l'Empire, ou alors un erzat de tabac dans lequel les autorités rajoutait pas mal de merde.

Evan la regarda le rejoindre en faisant un crochet naturel par la fenêtre. Elle s'assit dans un fauteuil à proximité de lui sans un mot, réfléchissant en laissant planer un long silence, puis pris enfin la parole. Oui, ils savaient très bien qu'ils allaient devoir se procurer ces plans, la question était de savoir comment ils allaient réussir. Car mine de rien, ça n'allait pas être une partie de plaisir à organiser et à exécuter. Beaucoup de danger et de risques devaient être pris en compte, mais pour Evan, comme toujours, le jeu en valait la chandelle. S'il devait aller lui-même chercher ces plans dans le bureau du chef de l'armée en pleine journée, il n'aurait aucune hésitation. Vous avez dit maso? Non, juste à fond dans ce qu'il fait.

Il prit une grande bouffée de sa cigarette avant que Julianne ne la lui prenne et tente, encore une fois, de la fumer également. Peut-être était-ce pour arriver à comprendre pourquoi il fumait? En tout cas, comme d'habitude, cela ne lui réussissait pas vraiment. A nouveau elle avait l'air d'une gamine qui essaye de faire comme les grands mais qui n'y arrive jamais, malgré toutes ses tentatives. Evan lui sourit et s'avança pour reprendre le cendrier et sa cigarette des mains de Ju. Non parce que mine de rien, il ne fallait pas gâcher hein.

- Arrête, t'y arriveras jamais.

Il se rassit confortablement, ou plutôt s'étala de tout son long, avant de reprendre.

- Oh eh bien je connais quelques personnes qui en vendent encore des vraies à un prix dérisoir. Je les avais aidé et couverts, alors de temps à autre, ils me rendent un petit service.

Un sourire mystérieux se dessina lentement sur ses lèvres. Cette histoire, Ju ne la connaissait pas, ça remontait au temps où elle n'avait pas encore rejoint La Cible. Mais Evan n'allait pas en dire plus. Pas besoin de s'étaler là-dessus, et puis ils avaient des choses beaucoup plus importantes à régler tout de même.

- Bon alors, ces plans? Comment on va s'y prendre? Qui on envoie et combien ils seront? Pour moi, moins ils sont, mieux c'est, mais on pourrait poster des gens un peu partout pour les couvrir.

Ca y est, il était lancé! Plus rien n'allait pouvoir l'arrêter et il savait dès à présent que les trois heures qu'ils allaient passer ensemble fileraient à la vitesse de le lumière.

Julianne se contenta de tirer la langue comme une gamine lorsqu’Evan lui reprit la cigarette des mains. Elle ne fit rien pour la garder, le goût acre de la fumer encore dans la bouche. Elle regardait distraitement l’homme qui prenait ses aises dans le fauteuil, elle qu’elle n’avait pas encore bougé d’un millimètre.

Elle haussa un sourcil interrogateur lorsqu’il mentionna ses contacts. Si elle montrait un étonnement modéré à l’intérieur d’elle-même elle était vraiment perplexe de ne pas être au courant de tout. Décidemment tout la pousser à regretter son exil même si sont action à l’étranger avait été fructueuse, mais quand même. Elle n’aimait pas avoir le contrôle, encore moi louper des épisodes, et en plus ne pas être mise dans la confidence.
Elle ne tannerait pas Evan pour qu’il parle, d’ailleurs elle n’avait aucune certitude qu’il le ferait, mais elle se renseignerait...

Elle répondit à son sourire mystérieux par une petite grimace, alors que l’homme revenait sur leur conversation principale. Il fallait qu’ils se concentrent un peu quand même !

Alors qu’Evan semblait parti, Julianne ne mit pas longtemps à se mettre dedans et à faire marcher sa matière grise :

-Un effectif réduit me semble en effet plus logique, elle s’étira puis vint placer ses mains derrière sa tête, pensive. Le problème c’est que si on en met pour les couvrir ils seront d’avantage repérable, et on à pas besoin pour l’instant d’avoir des pertes...

Julianne sursauta lorsqu’un bruit de sirène retentit en bas de la rue, et resta tendue quelques secondes, mais la sirène s’éloigna et elle se décrispa pour continuer :

-Ses plans sont sous hautes sécurités en coffre généralement... sauf quand ils devront être validés par l’Impératrice elle-même alors là ils seront sur son bureau...

Sa phrase voulait évidement tout dire, s’ils voulaient les récupérer ça serait pendant le moment ou ils seront dans le cabinet privé de l’Impératrice qu’il faudrait agir. Cela impliquait naturellement un grand risque très (très) grand. Une mission pour un suicidaire en gros, soupira Julianne. Un infiltré au gouvernement ? Il en avait peu, pour ainsi dire très peu, et ils se comptaient sur les doigts d’une seule main... et généralement ils ne faisaient pas long feu... mais ils étaient les hommes les plus utiles dans ce genre de mission ou pour toutes les informations venant de l’intérieur même.

Julianne soupira et ses bras retombèrent :

- A la limite... on envoie un commando... Julianne entendait par là, la grosse artillerie, c’était à dire, bombes pour faire diversion, percée de quelques hommes pour récupérer les documents et sortie éclaire avec des gens pour les faire sortir coute que coute...

En gros il avait le chois, la discrétion... ou pas... Julianne n’aimait pas la deuxième solution loin de là parce qu'elle était généralement très couteuse en vies hummaines... mais il lui était arrivé de faire ses preuves donc elle attendait le point de vue d’Evan sur la question. En effet, trois heures risquaient même d'être juste.

Evan nota l'air légèrement intrigué de Julianne mais se contenta de garder son sourire mystérieux sans développer. Elle reviendrait sûrement d'elle-même sur le sujet lorsqu'ils auraient un moment au calme, donc pas avant un mois. Il l'écouta attentivement exposer les diverses possibilités qui s'offraient à eux lorsque la sirène au-dehors se fit entendre. Il n'y eut aucun changement dans son attitude, il ne bougea pas d'un milimètre, mais ses yeux se fixèrent soudain dans le vide, l'oreille tendue. Le bruit s'éloigna rapidement et il tourna son regard sur sa collègue qui semblait se détendre. Il tira une longue bouffée sur sa cigarette tout en réfléchissant. Que ce soit l'une ou l'autre des propositions, ça allait être une opération risquée et qui ne garantissait aucun succès, loin de là. Il fallait envoyer les bonnes personnes, motivées, capables de prendre des initiatives, de ne pas paniquer face au danger, mais surtout, qui ne s'étaient pas déjà fait remarquer par la Milice. Et ça, ça n'allait pas être simple à trouver...

Il écrasa machinalement sa cigarette avant de s'emparer du bloc de feuilles posé à côté de lui et de son crayon. Il commença alors à dessiner, jetant de temps à autres un coup d'oeil à Julianne. Ca lui permettait de réfléchir. Après avoir laissé plané un silence de quelques minutes, il releva enfin la tête, l'air un peu plus sombre qu'auparavant.

- Si on envoie un commando, ils risquent bien de changer les plans et notre opération n'aura servi à rien. Ils ne sont pas si bêtes que ça et une explosion leur mettrait tout de suite la puce à l'oreille.

Il fit une pause, retouchant quelques détails sur son dessin, s'alluma une nouvelle cigarette et se passa une main dans les cheveux en les décoiffant au passage. Il reprit quelques instants plus tard après s'être un peu plus enfoui dans son fauteuil.

- Si on poste quelques personnes à des endroits stratégiques, juste pour être sûr que tout va bien, c'est faisable, maintenant le problème c'est de savoir qui on pourrait envoyer. Si les plans sont dans un coffre qui n'est pas dans le bureau de la Cinglée, on aura plus de chance. Il faudrait qu'un des gars qui y travaille se renseigne. Elle les signe, et nous, on les intercepte avant qu'ils soient rangés.

Pour Evan, moins il y aurait de personnes présentes, plus l'opération aurait une chance de réussir. Mais ils allaient envoyer des gens dans une mission dangereuse, le minimum qu'ils pouvaient faire, c'était d'assurer leur sécurité. Et en préparant bien les choses, plusieurs obstacles et dangers pourraient être évités.

Evan avait pris de quoi dessiner et c’est ce qu’il faisait, c’était une habitude qui amusait toujours Julianne de le voir crayonner alors qu’ils étaient en train d’élaborer des plans. A croire que ca le stimulait ou on ne sait trop quoi.

Il fit remarquer à Julianne que, malgré ce que l’on pourrait croire, l’Impératrice et son gouvernement n’était pas si stupide qu’il en avait l’air, et elle ne pu que hocher la tête en signe d’entendement. Il fallait donc oublier l’option « tout casser »... étrangement Julianne, dans une situation aussi critique qu’au moment où il parlait ne pu empêcher un sourire nostalgique... elle qui avait l’habitude de tout faire sauter étant plus jeune...

Evan alluma, encore, une cigarette, ce qui décrocha un soupire résigné à la jeune femme, avant de reprendre. Julianne était tout à fait d’accord, et savait que la partie était loin d’être joué, parfois elle se demandait, devant tout les obstacles qui se dressaient devant eux, comme c’était possible qu’il arrive à persévérer.

La jeune femme n’avait pu empêcher un sourire au petit surnom de l’Impératrice, surnom qu’il l’avait affabulé depuis un petit bout de temps déjà, mais qui décrochait à Julianne toujours la même réaction.

-Si tu te fais pas décapité pour les bombes que tu poses ou les affiches que tu tagges ça sera à cause de ce surnom, plaisanta-t-elle. Bon l’heure n’était pas à la plaisanterie mais il fallait bien décontracter les esprits de temps en temps aussi.

Elle reprit son sérieux, s’éclaircit la voix et enchaina :

-Je m’occuperais de prendre contact avec ceux de l’intérieur, il faudra aussi demander à nos liaisons de l’extérieur de préparer à les faire disparaître, les faire passer en Suisse, c’est le plus près, le plus rapidement possible après qu’ils aient récupéré les documents, ou ils seront les premiers soupçonnés à mon avis. Il faudra qu’ils soient prêts à lever le camp le plus rapidement possible, quitte à faire partir leur famille quelques jours avant...

S’il était important pour Julianne qu’ils aient les plans, il était tout aussi primordiale pour elle que les familles soient mises à l’abris, les résistants craignaidnt rarement pour leur vie, mais il était impardonnable que des femmes voire même des gosses paient pour ça.

Evan ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage tandis qu'elle lui faisait une remarque sur le surnom qu'il donnait à l'Impératrice. Une remarque très juste d'ailleurs, car il doutait fortement que la cheffe du gouvernement apprécie. Mais bon, avec tous les risques qu'il prenait déjà, il n'allait pas se priver de ce petit plaisir de la ridiculiser. D'ailleurs, il ne se privait jamais de quoique ce soit à ce niveau-là. Il fallait bien avoir une petite joie quotidienne après tout. Mais pour le moment, l'heure n'était pas à la joie mais plutôt à la concentration. Il continua donc d'écouter Julianne attentivement, reprennant son crayon en main, sa clope au bec. Il était tout à fait d'accord avec son plan. Qu'on ait envie de sacrifier sa vie pour une cause était une chose, mais devoir sacrifier une famille, ça non. Même pour le résistant extrême qu'était Evan, ce n'était pas concevable.

- Okay, ça marche pour moi. Je prendrai contact avec quelques personnes pour des nouveaux papiers et pour que le départ se fasse sans éveiller les soupçons. Il faudrait faire ça à la dernière minute pour que personne ne se doute de rien. Tu connais ça, des voisins un peu trop curieux, 2-3 commères, et une opération tombe à l'eau. Il faudra vider petit à petit et discrètement l'essentiel de leurs affaires personnelles et les faire partir dès que l'opération sera mise en route.

Comme d'habitude ils devraient tous agir avec la plus grande prudence et la plus grande discretion pour que tout se passe de la meilleure des manières. Ce n'était pas le moment de perdre des hommes! Et puis même s'ils allaient s'exiler, ils continueraient à apporter leur pierre à l'édifice en créant des contacts à l'étranger par exemple. Et avantage indéniable, ils pourraient élever leurs enfants dans un climat un peu plus sain et sûr, sans vivre avec la peur au ventre que la Milice s'arrête devant chez eux. Tout en réfléchissant à cela, Evan s'était levé et était allé chercher deux verres et une vieille carafe poussièreuse qui contenait un liquide brun. Après avoir posé les verres sur la table, il retira le bouchon, huma l'odeur du whisky et servi les deux verres puis se rassit en levant le sien.

- A ta santé Ju!

Il fallait bien se tenir réveillé non? Il est vrai que l'alcool a plus tendance à endormir, mais là, c'était juste ce qu'il fallait à l'artiste pour rester concentré sur ce qu'il faisait.

Evan lui confirma qu’il s’occuperait de prendre contact pour l’évacuation des familles des concernés puis il était sortit de sa position affalé dans le canapé pour aller chercher à boire. Du whisky ? Il était décidément toujours autant surprenant malgré les années et il ne cessait d’étonner son monde, même quand on pouvait penser le connaître un peu, ce qui à chaque fois reflétait son côté tellement imprévisible et vous rappelait encore plus à quel point il était incernable.

Il versa du breuvage dans deux verres et Julianne saisit celui qu’il lui tendait en lui murmurant un merci. Alors qu’elle regardait le liquide ambre se mouvoir à l’intérieur ils trinquèrent et Julianne, émerveiller de boire du vrai whisky elle corrigea cependant :

- A nous, à la résistance, à la liberté... Et puis quittant son verre des yeux elle ne pu s’empêcher. C’est du vrai ? Je veux dire... ou est-ce que tu as tout ça ? Je te verrais presque capable d’aller te servir directement dans les conteneurs du gouvernement !

Elle bu ensuite une gorgée, humm, il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas bu pareil boisson, ça faisait du bien ! Elle fit une parenthèse dans leur conversation.

-Je trouve que tu me caches beaucoup de chose... fit-elle avec un air mi-amusé mi-’faudrait remédier à ça, on ne me cache rien à moi’.

Une deuxième gorgée de bu elle ce laissa enfin couler dans son fauteuil, soupira, regarda sa montre, pour voir si c’était bientôt l’heure d’aller faire un tour... malheureusement elle n’était pas au courant de ce qui ce passait plus loin à quelques pâtés de HLM de là, elle n’aurait probablement été aussi décontracté...

Evan regardait Julianne d'un air de plus en plus amusé en voyant l''expression émerveillée sur le visage de la jeune femme. C'était déjà la 3ème fois dans la soirée qu'il se surprenait à la comparer à une enfant. Et c'est ça qu'il appréciait aussi chez elle. Elle n'avait pas perdue sa capacité à s'émerveiller pour de petites choses, malgré tout ce qu'elle avait vu, tout ce qu'on lui avait fait subir, tout ce qu'elle avait enduré. Elle gardait, au fond, une âme d'enfant. Il la suivit dans son toast, levant son verre un peu plus haut, puis il prit une petite gorgée qu'il savoura quelques instants avant de l'avaler. Il vit Julianne en faire autant et se tut. La réponse à la question qu'elle lui posait, elle allait l'avoir en goûtant le whisky. Et oui, c'était bel et bien du vrai!

Il s'affala à nouveau confortablement avant de répondre à sa remarque. Ses yeux bleus lui lancèrent un regard malicieux et pétillant tandis qu'un large sourire lui barrait le visage.

- Allons, allons... Tu sais très bien que le mystère, c'est ce qui fait tout mon charme.

Il lui fit un clin d'oeil et reprit une petite gorgée avant de poursuivre.

- Si tu savais tout de moi, je n'aurai plus aucun intérêt, plus aucune surprise. Et je suis sûr que toi aussi, tu me caches des choses. Alors contente-toi de boire ce whisky extraordinaire, et ne le gâche surtout pas!

Bien sûr, il lui avait dit ça sur un ton amusé. Mais il est vrai qu'il lui cachait pas mal de choses. C'était dans sa nature, personne ne le connaissait réellement en fin de compte, pas même son frère. Certaines parties de sa personnalités étaient visibles par tous, d'autres seulement par des gens proches. Mais il y avait des choses sur lesquelles il préférait garder le secret.

Julianne dut se contenter d’une réponse aussi mystérieuse que le personnage qui l’avait prononcé et elle ne cacha pas un petit soupire faussement exaspéré. Elle répondit à son clin d’œil avant de boire une nouvelle gorgée de la boisson tant prisée. Elle apprécia à sa juste valeur le breuvage, elle aimait le goût qu’il laissait dans sa gorger et la sensation de chaleur qui la prenait à chaque gorgée.

Elle acquiesça de la tête lorsque Evan reprit la parole. En effet, le mystère faisait son charme, c’était incontestable, et pour sûr, si les circonstances avaient été différentes, dans un autre monde, un autre lieu, loin de l’Empire et des chimères qu’ils combattaient, Julianne aurait probablement attendu plus de cet homme.

Et puis d’ailleurs ils avaient tous plus ou moins des secrets, Ju était bien placée pour le savoir, donc elle ne lui en voulait pas… même si elle était bien décidée à mener son enquête !

Son verre fini Julianne porta alors ses yeux à une horloge, il avait encore un peu de temps…2h34 pour être précis. Elle regarda alors son interlocuteur dans les yeux, elle aimait le dévisager comme ça, elle avait devant elle un personnage tellement intriguant et incernable qu’elle aurait donnée cher pour y arriver.

-Encore 2h30 à attendre, finit par dire Julianne dans le but de rompre le lourd silence qui s’était installé. On fait quoi ? Demanda-t-elle pour relancer la conversation.

Evan se contenta de boire son verre à petite gorgée tandis que Julianne poussait un petit soupir. Et oui, même après tout le temps qu'ils avaient pu passer ensemble, il restait toujours insondable sur beaucoup de points. Il aimait le fait que personne ne puisse lire en lui comme dans un livre ouvert, et puis savoir cacher son jeu était impératif dans le monde dans lequel ils vivaient, surtout en tant que résistants. Donc ce n'était pas demain la veille qu'elle allait tout apprendre de lui, même s'il se doutait qu'elle allait essayer de se renseigner sur certaines choses qu'il avait laissé échapper ce soir.

Mais pour le moment, elle ne posa aucune question, laissant un long silence s'installer. Evan ralluma une cigarette tout en soutenant le regard de Julianne. Certaines personnes auraient pu se sentir mal à l'aise, mais lui s'en fichait un peu. D'abord il avait l'habitude que les gens le dévisagent depuis qu'il était gamin, et ensuite, c'était quelque choses qu'elle faisait souvent. A croire qu'il n'était pas désagréable à regarder! En tout les cas, c'était le cas de la femme assise devant lui. Mais Evan chassa tout de suite cette pensée. Il était dangereux de s'attacher aux autres quand on vivait dans la clandestinité au sein de l'Empire. C'était un point faible qui pouvait s'avérer fatal pour tout les deux.

Il resta stoïque tandis qu'elle lui annonçait le temps qu'il leur restait avant de sortir, mais lui lança un regard plein de sous-entendu lorsqu'elle lui demanda comment il pourrait bien passer le temps. Il finit alors son verre de whisky d'une traite avant de le reposer sur la table et de se lever. Il s'étira à nouveau, la clope au bec, tira une longue bouffée et commença à marcher pour se dégourdir un peu les jambes. Il alla écraser sa cigarette sur un cendrier, puis s'approcha doucement de Julianne qui lui tournait le dos, toujours assise dans son fauteuil. Il posa ses bras sur le dos du fauteuil et se pencha vers elle pour lui murmurer à l'oreille.

- Je sais pas, t'as pas une petite idée?

Et sur ce, il se pencha un peu plus et lui déposa quelques baisers dans le cou. Non, il ne voulait pas s'attacher aux autres dès qu'il pouvait l'éviter, mais là, ça n'avait rien à voir. Il fallait bien passer le temps, non?

Julianne ne loupa pas le regard d’Evan bourré de sous-entendu. Elle le suivi du regard distraitement alors qu’il s’étirait et qui se dégourdissait les jambes. Elle se concentra sur son verre vide, un peu gênée… pourquoi gênée d’ailleurs ? Ils étaient adulte bon sans ! Et si avoir une relation dans ce pays sous l’empire aurait signé leur arrêt de mort, ils avaient bien le droit de se rendre service non ? Oui, un service rien de plus, il n’y avait pas de mal à se faire du bien non ?

Et puis elle sentit que l’homme s’était immobilisé derrière elle, elle sentit souffle sur sa nuque et les mots qu’il lui murmurait à l’oreille. Elle ne pu se retenir un petit sourire alors qu’il commençait à la baiser dans le cou. Son cœur s’accélérait sensiblement et sa respiration s’emballait toujours un peu dans ce genre de moment.

-Possible. Répondit-elle simplement dans un souffle.

Elle tourna alors doucement la tête pour que les lèvres du jeune homme tombent sur les siennes. Elle ferma les yeux et se laissa juste porter par la vague de sensation du moment.
Si elle sépara sa bouche de celle de l’homme c’était pour se relever de son fauteuil, un petit sourire aux lèvres et venir le rejoindre debout derrière le siège avec un regard qui en disait beaucoup plus long que des mots.
Ses mains effleurèrent alors le torse de l’homme tendit-ce que ses lèvres cherchèrent celles d’Evan. Et puis descendant le torse d’Evan, les mains de Julianne passèrent sous son t-shirt pour être directement en contact avec la peau.

Un peu de douceur dans se monde cruel et impitoyable n’était pas la mal venue, et Evan et Julianne savaient pourquoi ils faisaient ça. Ils étaient deux bons amis, et dans les même galère, la même lutte, ils se devaient bien ça… du moins c’est ce que ce répétait Julianne jusqu'à ce qu’elle soit un peu trop occupé pour ne plus penser à rien.

Evan ne put s'empêcher de sourire à la réponse de la jeune femme. Ils avaient la même idée en tête, tant mieux! Ca ne les engageait strictement à rien, ils étaient simplement deux bons amis qui passaient le temps de la meilleure manière possible. Après tout, il n'y avait aucune conséquence et il n'y avait pas de mal à se faire du bien.

Il répondit donc aux baisers de Julianne avec une certaine douceur, mais fut bien content qu'elle se décide à se lever. La position qu'ils avaient étant loin d'être la plus confortable et la plus pratique qu'il soit. Il lui rendit alors son sourire et ils reprirent là où ils venaient juste de s'arrêter. Evan posa une main sur la nuque de sa collègue et passa l'autre autour de sa taille pour la rapprocher un peu plus. Ses baisers descendirent sur son cou puis remontèrent sur ses lèvres avant de se détacher. Il lui lança un regard doux puis finit ce qu'elle avait commencé et se recula un peu pour enlever son t-shirt. Il passa ensuite ses mains autour de Julianne et lui enleva son haut qu'il jeta un peu plus loin. Il l'attira alors vers lui et reprit ses baisers tout en la faisant reculer.

Ils buttèrent ainsi sur le canapé dans lequel Julianne avait pour idée de faire une sieste en arrivant. Ca serait bien une sieste qu'elle allait faire, mais d'un autre genre... Il l'enlaça quelques instants, ses mains parcourant lentement le dos de sa partenaire, puis il la serra dans ses bras et la fit basculer calmement en arrière, s'allongeant sur elle.

Alors qu’Evan avait prit pour entreprise de les dénuder un peu, Julianne, elle, dans leurs enlacements rendait ses baisers à l’artiste et caressait doucement son dos. L’homme semblait, pour l’instant, mener la danse et il entraîna Julianne un peu plus loin avant qu’ils ne bascule dans le vieux canapé. Elle se retrouva, comme à chaque fois, en dessous (xD), mais qu’importait, au fond elle aimait bien !

Ils échangèrent encore de nombreux baiser, se dénudant au fur et a mesure, ils n’étaient pas pressés non plus, ils avaient 2h30 à faire passer ! Ils échangèrent les caresses sur leurs corps impatients nimbés de la pale lueur orangée qu’émanait des tristes lampadaires de la rue et qui filtrait à travers les fenêtres à demi condamnée car la pièce était plongé dans l’obscurité, à une telle heure laisser la moindre lumière allumée était suicidaire.

Mais dans leurs ébats plutôt fougueux les deux adultes oublièrent qu’ils se trouvaient sur le vieux canapé miteux du QG, et sans vraiment comprendre ce qui se passait, ils se retrouvèrent un étage plus bas, c'est-à-dire sur le sol. Surprise Julianne ne pu s’empêcher un rire sonore alors qu’elle regardait le canapé duquel ils venaient de chuter.

Elle s’était ainsi retrouvé sur Evan et elle se redressa pour se mettre à califourchon sur lui, qui, le pauvre, devait être celui qui avait le plus morflé dans leur chute.

-Ca va ? Lui murmura-t-elle à l’oreille alors qu’elle se penchait de nouveau sur son torse pour venir y caresser son visage, puis ses lèvres, qui remontèrent doucement jusqu’à celle de l’homme. Où en étions nous donc, avant que ce maudit canapé nous éjecte ?

Ils étaient donc tranquillement installés sur le canapé s'échangeant caresses et baisers lorsqu'ils basculèrent sur le sol. Evan ne pu réprimer une grimace lorsqu'il tomba sur le dos, mais il rejoignit très vite Julianne dans son rire. Bon, au moins, ils ne tomberaient pas plus bas. A moins que le plancher décide de céder sous leur poids, mais là, ça serait vraiment pas de veine! Il lui lança donc un regard amusé et lui fit un léger signe de tête pour lui dire que tout allait bien. Ce n'était pas une simple chute qui allait les arrêter en si bon chemin! Pour toute réponse à sa question, il passa une main derrière sa nuque qu'il caressa, puis l'attira calmement vers lui pour reprendre là où ils avaient été interrompu. Ses mains se balladèrent un peu partout sur la peau de la jeune femme tandis que ses baisers devenaient de plus en plus fougueux.

Il s'occupa d'enlever les quelques rares vêtement qu'ils portaient encore et de les jeter plus loin dans la pièce. Ca allait être simple de les retrouver tiens! Mais pour le moment, il ne pensait pas vraiment à cela. En fait, il ne pensait plus à rien d'autre qu'à son plaisir et à celui de sa partenaire. Ils avaient 2h30 pour en profiter, et c'était bien ce que comptait faire l'artiste! Les plaisirs étant rares dans leur milieu, il fallait profiter de chaque instant. Et c'est ce qu'ils firent tous les deux durant un moment jusqu'à avoir atteint une satisfaction commune.

Allongés par terre, ils reprennaient calmement leur souffle. Evan se pencha un peu sur Julianne pour attrapper cigarettes et briquet, lui volant un baiser au passage. Il s'en alluma une et se recoucha ensuite auprès d'elle, lui caressant le ventre avec douceur.

Julianne, allongée sur le sol, confortablement calée contre Evan, reprenait doucement son souffle, les traits décontracté, un petit sourire sur les lèvres et surtout, une sensation de bien-être pas ressenti depuis longtemps. Oui elle était bien, là, calée près de cet homme, à en oublié ce qui l’entourait et le contexte dans lequel ils vivaient.

Evan lui avait presque immédiatement reprit une cigarette, comme à chaque fois. Elle avait profité qu’il se penche sur elle pour qu’il attrape les cigarettes tant convoité pour lui voler encore quelques caresses, mais elle ne pu s’empêché un petit rire :

-C’est à ce demander si je dois bien le prendre... souffla-t-elle un grand sourire aux lèvres pour montrait qu’elle plaisantait.

Ils restèrent là, allongés ainsi à même le sol, quelques minutes. Comme pour oublier qu’il faudrait ensuite retomber sur terre, faire abstraction de ce qui venait de ce passer pour continuer le combat.
Julianne se perdit à rêver d’un monde ou elle pourrait être libre de faire ce qu’ils voulaient, quand ils le voulaient. Un pays sans une cinglée tyrannique richissime exploitant la misère du peuple pour son bonheur... Alors elle reprenait confiance en elle, elle était d’autant plus persuadée que son monde restait à conquérir et qu’il fallait se bouger.

Elle embrassa alors une dernière fois Evan, ce baiser marquerait probablement la fin de la ‘trêve’. Elle se releva silencieusement et partit en quête de retrouver ses vêtements ;-)

Tâche pas vraiment évidente dans ce bordel, elle en profita pour ramasser ceux de l’artiste et quand elle eut tout, ou presque, elle s’amusa à laisser tomber le paquet de fringue sur l’homme encore allongé dans un petit rire sonore.

-Moi aussi je resterais bien à marmotter mais il est l’heure... on a des choses plus importantes à faire...

Ca y est, Julianne avait déjà enfermé les souvenirs de ce moment tout à fait agréable dans un recoin inaccessible de sa tête et faisait comme si rien n’avait eu lieu, normal quoi...

Une fois rhabillée, elle alla chercher ce dont ils risquaient d’avoir besoin pour le reste de la soirée avant de revenir dans la pièce.

Evan se contenta de rire alors qu'elle se demandait si elle devait mal prendre le fait qu'il s'allume une clope. Elle savait très bien que non, c'était une habitude chez lui. Et puis il fumait passablement de toute manière. Il resta donc allongé, fumant tranquillement et déposant quelques baisers sur la peau de Julianne de temps à autre avant qu'elle ne se décide de se lever. Il se tourna sur le côté, sa main soutenant sa tête, et regarda amusé la jeune femme qui récupérait leurs habits éparpillés aux quatre coins de la pièce. Il écrasa sa cigarette sur le cendrier le plus proche avant qu'elle ne laisse tomber ses habits sur lui.

Il ne bougea pas tout de suite mais s'étira longuement alors qu'elle le ramenait à la réalité. Et oui, ils avaient passé un très bon moment, mais le devoir les appelait et ils devaient s'activer. Evan la regarda sortir de la pièce avant de se lever et de s'habiller tranquillement. Il était en train de passer son t-shirt lorsqu'elle revint avec le matériel nécessaire. Il s'approcha d'elle, l'air grave et concentré, comme si rien ne venait de se passer entre eux. C'était ce qu'il appréciait avec Julianne. Pas de prises de tête, ils passaient directement d'un moment "d'égarement" aux choses d'aspect plus sérieuses.

Il se passa une main dans les cheveux en les ébouriffant un peu plus au passage, puis consulta sa montre. Ils avaient encore vingt minutes pour se préparer, ça allait leur donner le temps de s'organiser. Il se dirigea vers la fenêtre et contempla la rue au-dehors. Tout semblait calme et aucun signe ne manifestait la présence de la police ou de la Milice. Ils pourraient sortir sans trop de soucis, mais ce n'était pas pour autant que cela allait être un jeu d'enfants.

Lorsque Julianne entra de nouveau dans la pièce avec leur affiche de contre-propagande sous le bras et les bombes de peinture noire ou verte à la main, Evan était en train de se rhabiller et elle ne se priva pas de le regarder, même si son esprit était ailleurs, déjà occupé à planifier l’’attaque’ de la nuit. Celui-ci regarda la rue, paisible... en apparence.

La femme posa tout son petit bazar sur la table, soupira avant de rompre le silence qui c’était instalé dans la pièce :

-Tu sais qu’à deux il y a plus de risque... murmura-t-elle.

Oui, elle savait qu’il savait mais elle ne pouvait s’empêcher de le répéter. Il trouvait le danger excitant, ça aussi elle le savait... mais elle ne voulait pas que ça les conduisent à leur propre perte, même s’il faudrait surement qu’un jour ils se sacrifient pour leur cause.

Elle n’en ajouta pas plus sur le sujet, d’une parce que lorsqu’on parlait à Evan de sécurité il faisait le sourd, surtout pour ce genre d’opération nocturne avec elle. Julianne se doutait qu’il n’aurait évidement jamais pris de risque pour une opération de taille, mais là ils avaient en quelque sorte l’habitude, à croire qu’il aimait prendre leurs virées pour un jeu. Et deuxièmement parce qu’ils en avaient déjà longuement parlé.

-On fait comme d’habitude ? Et là il ne s’agissait pas d’une question rhétorique. Julianne se posait réellement la question, parce que leur petite action « ‘tagage’ de la propagande impériale » avait autant pour but d’agacer le pouvoir que de montrer à la population qu’il y avait encore des gens qui se battaient et qu’ils devaient à leur tour se révolter. Il fallait donc savoir où ils allaient agir, où ça aurait le plus d’effet.

Elle regarda l’homme intensément, sans cligner des yeux. Avec un petit air qui voulait clairement dire : alors ?

Evan se tourna lorsque Julianne refit son apparition dans la pièce... le mettant à nouveau en garde. Oui, il le savait qu'ils prennaient des risques en y allant à deux. Mais faire leur propre propagande sous le nez du régime était une chose bien trop excitante pour y renoncer. Surtout que cette nuit ne paraissait pas, encore, agitée, alors autant en profiter. Bien sûr les choses pouvaient encore changer en vingt minutes, mais il essayait de ne pas trop y penser.

Il avança vers la jeune femme et pris la parole sur un ton outré.

- Je ne répondrais même pas à cette affirmation!

Un large sourire se dessina sur ses lèvres, démontrant bien s'il en était besoin, qu'il plaisantait. Mais il redevint très vite sérieux en entendant la question que lui posa Julianne. Oui, où est-ce qu'il pourrait bien aller taguer et afficher? Le centre-ville était très tentant, beaucoup de personnes y circulait chaque jour, mais extrêmement dangereux maintenant que le couvre-feu avait été instauré. Ils avaient cent fois plus de chances de se faire attrapper là-bas qu'en restant dans les bas-fond. Et même si Evan aimait frapper des grands coups, il n'était pas suicidaire pour autant.

Il posa ses mains sur la table et répondit d'un air ennuyé.

- On toucherait plus de gens au centre, mais on a aussi beaucoup plus de chance de voir le soleil se lever demain si on reste dans les alentours. Et puis les gens qui meurent de faim sont plus prompts à la révolte que ceux qui ont tout. On pourra sûrement ralier plus de monde si on fait ça ici.

En travaillant au centre de la capitale, il avait très vite compris que la plupart des personnes n'avaient aucune idée de rebellion. Ils étaient bien trop soumis à la propagande impériale pour avoir ne serait-ce l'envie d'ouvrir les yeux et de regarder les choses en face.